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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/495

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NAC
NAI
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Nachtvrouwtje, ou petite femme de nuit, nom que les Flamands donnent aux succubes.

Nagates, astrologues de Ceylan. Des voyageurs crédules vantent beaucoup le savoir de ces

 
Nagate
Nagate
 
devins, qui, disent-ils, font souvent des prédictions que l’événement accomplit. Ils décident du sort des enfants. S’ils déclarent qu’un astre malin a présidé à leur naissance, les pères, en qui la superstition étouffe la nature, leur ôtent une vie qui doit être malheureuse. Cependant, si l’enfant qui voit le jour sous l’aspect d’une planète contraire est un premier-né, le père le garde, en dépit des prédictions ; ce qui prouve que l’astrologie n’est qu’un prétexte dont les pères trop chargés d’enfants se servent pour en débarrasser leur maison. Ces nagates se vantent encore de prédire, par l’inspection des astres, si un mariage sera heureux, si une maladie est mortelle, etc.

Naglefare, vaisseau fatal chez les Celtes. Il est fait des ongles des hommes morts ; il ne doit être achevé qu’à la fin du monde, et son apparition fera trembler les hommes et les dieux. C’est sur ce vaisseau que l’armée des mauvais génies doit arriver d’Orient.

Nagual. C’est le nom que donnent les Mexicains à leur esprit familier. Chaque nouveau-né a le sien. Les peuplades ont le leur collectif. Le nagual de chaque nouveau-né est vivant sous la forme d’un animal, d’un poisson, d’un oiseau, qui est signalé le jour de sa naissance par son horoscope. C’est un tigre, un chat, un perroquet, un insecte. Dans le culte du Mexique, avant la conquête, on offrait souvent du sang aux dieux et aussi aux esprits familiers ; on tirait à l’enfant qui venait de naître une goutte de sang sous l’oreille ou sous la langue pour l’offrir avant tout à Chalchinhlicué, la déesse des eaux et la protectrice des enfants.

L’ara, gros perroquet, recevait un culte provincial dans quelques lieux du Mexique. Il avait ses prêtres, qui lui présentaient goutte par goutte leur propre sang en se tatouant de piqûres, et ce culte subsistait encore dans des cavernes il n’y a pas longtemps[1].

Naguille (Catherine), petite sorcière âgée de onze ans, qui fut accusée d’aller au sabbat en plein midi[2].

Naguille (Marie), jeune sorcière, sœur de la précédente. Arrêtée à seize ans, elle avoua que sa mère l’avait conduite au sabbat. Lorsqu’elles devaient y aller ensemble, le diable venait ouvrir la fenêtre de leur chambre et les attendait à la porte. La mère tirait un peu de graisse d’un pot, s’en oignait la tête, excepté la figure, prenait sa fille sous le bras, et elles s’en allaient en l’air au sabbat. Pour revenir à la maison, le diable leur servait de porteur. Elle avoua encore que le sabbat se tenait à Pagole, près d’un petit bois[3].

Nahama, sœur de Tubalcain. On lit dans le Talmud que c’est une des quatre mères des diables. Elle est devenue elle-même, selon les démonomanes, un démon succube.

Nain-Laurin ou l’Elf-roi. C’est le roi des

 
Nain-Laurin
Nain-Laurin
 
petits elfs, des kobolds et d’autres esprits nains.
  1. Voyez sur ces faits de curieux détails dans l’intéressant voyage de M. l’abbé Brasseur de Bourbourg, sur l’isthme de Téhuantépec, l’État de Chiapos et la république de Guatémala.
  2. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. II, p. 66.
  3. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. II, p. 118.