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rité de l’histoire des frères de la Rose-Croix, 1623, in-à° et in-8o; rare. Naudé y prouve que les prétendus frères de la Rose-Croix n’étaient que des fourbes qui cherchaient à trouver des dupes, en se vantant d’enseigner Tari de faire de l’or, et d’autres secrets non moins merveilleux. Ce curieux opuscule est ordinairement réuni à une autre brochure intitulée Avertissement au sujet des frères de la Rose-Croix. On a encore de lui : Apologie pour les grands hommes faussement soupçonnés de magie, 1625, in-8o. Cet ouvrage, peut-être un peu trop systématique, a eu plusieurs éditions. Il y prend la défense des sages, anciens et modernes, accusés d’avoir eu des génies familiers, tels que Socrate, Aristote, Plotin, etc., ou d’avoir acquis par la magie des connaissances au-dessus du vulgaire.

Naurause (Pierres de). Voy. Fin du monde.

Navius (Accius). Ce Navius, étant jeune, dit Cicéron, fut réduit par la pauvreté à garder les pourceaux. En ayant perdu un, il fit vœu que, s’il le retrouvait, il offrirait aux dieux la plus belle grappe de raisin qu’il y aurait dans l’année. Lorsqu’il eut retrouvé son pourceau, il se tourna vers le midi, s’arrêta au milieu d’une vigne, partagea l’horizon en quatre parties ; et après avoir eu dans les trois premières des présages contraires, il trouva une grappe de raisin d’une admirable grosseur. Ce fut le récit de cette aventure qui donna à Tarquin la curiosité de mettre à l’épreuve son talent de divination. Il coupa un jour un caillou avec un rasoir, pour prouver qu’il devinait bien.

Naylor (James), imposteur du seizième siècle, né dans le diocèse d’York, en Angleterre. Après avoir servi quelque temps en qualité de maréchal des logis dans le régiment du colonel Lambert, il se retira parmi les trembleurs et s’acquit tant de réputation par ses discours, qu’on le regardait comme un saint homme. Voulant profiter de la bonne opinion qu’on avait de lui et se donner en quelque sorte pour un dieu, il résolut, en 1656, d’entrer dans Bristol en plein jour, monté sur un cheval dont un homme et une femme tenaient les rênes, suivi de quelques autres qui chantaient tous : Saint, saint, saint, le Dieu de sabaoth[1]. Les magistrats l’arrêtèrent et l’envoyèrent au parlement, où, son procès ayant été instruit, il fut condamné, le 25 janvier 1657, comme blasphémateur et séducteur du peuple, à avoir la langue percée avec un fer chaud et le front marqué de la lettre B (blasphémateur), à être ensuite reconduit à Bristol, où il rentrerait à cheval, ayant le visage tourné vers la queue : ce qui fut exécuté à la lettre, quoique ce fou misérable eût désiré paraître sur un âne. Naylor fut ensuite enfermé pour le reste de ses jours ; mais on l’élargit, un peu plus tard, et il ne cessa de prêcher ceux de sa secte jusqu’à sa mort.

Naxac, séjour de peines où les habitants du Pégu font arriver les âmes après plusieurs transmigrations.

Nébiros. Voy. Naberus.

Nécato, sorcière d’Andaye qui allait au sabbat avec d’autres, quoique emprisonnée ; ce qui établit que, comme plusieurs de ces malheureuses, elle n’y allait qu’en esprit. Delancre dépeint cette sorcière comme un monstre de laideur. Elle avait une barbe de satyre, des yeux de chat sauvage, une voix rauque. Son regard effrayait même ses compagnes.

Nécromancie, art d’évoquer les morts ou de deviner les choses futures par l’inspection des cadavres. Voy. Anthropomancie, Érichtho, etc.

Il y avait à Séville, à Tolède et à Salamanque des écoles publiques de nécromancie dans de profondes cavernes, dont la grande Isabelle fit murer les entrées. Pour prévenir les superstitions de l’évocation des mânes et de tout ce qui a pris le nom de nécromancie, Moïse avait fait de sages défenses aux Juifs. Isaïe condamne également ceux qui demandent aux morts ce qui intéresse les vivants et ceux qui dorment sur les tombeaux pour avoir des rêves. C’est même pour obvier aux abus de la nécromancie répandue en Orient que chez le peuple israélite celui qui avait touché un mort était impur. Cette divination était en usage chez les Grecs et surtout chez les Thessaliens ; ils arrosaient de sang chaud un cadavre, et ils prétendaient ensuite en recevoir des réponses certaines sur l’avenir. Ceux qui consultaient le mort devaient auparavant avoir fait les expiations prescrites par le magicien qui présidait à cette cérémonie, et surtout avoir apaisé par quelques sacrifices les mânes du défunt : sans ces préparatifs, le défunt demeurait sourd à toutes les questions. Les Syriens se servaient aussi de cette divination, et voici comment ils s’y prenaient : Ils tuaient de jeunes enfants en leur tordant le cou, leur coupaient la tête, qu’ils salaient et embaumaient, puis gravaient sur une lame ou sur une plaque d’or le nom de l’esprit, malin pour lequel ils avaient fait ce sacrifice ; ils plaçaient la tête sur cette plaque, l’entouraient de cierges, adoraient cette sorte d’idole et en tiraient des réponses[2]. Voy. Magie.

Les rois idolâtres d’Israël et de Juda se livrèrent à la nécromancie. Saül y eut recours lorsqu’il voulut consulter l’ombre de Samuel. L’Église a toujours condamné ces abominations. Lorsque Constantin, devenu chrétien, permit encore aux païens de consulter leurs augures, pourvu que ce fût au grand jour, il ne toléra ni la magie noire ni la nécromancie. Julien se livrait à cette pratique exécrable.

Il restait, au moyen âge, quelques traces

  1. Nous traduisons le Dieu des armées ; mais Deus sabaoth veut dire le Dieu des phalanges célestes.
  2. Leloyer. Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. V, p. 544.