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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/518

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ville. Telle est la vérité des dynasties chinoises, égyptiennes et japonaises.

Les Parsis ou Guèbres prétendent que, pour peupler plus promptement le monde nouvellement créé, Dieu permit qu’Ève, notre mère commune, mît au monde chaque jour deux enfants jumeaux ; ils ajoutent que durant mille ans la mort respecta les hommes et leur laissa le temps de se multiplier. Les Lapons, qui ne sont pas très-forts, s’imaginent que le monde existe de toute éternité et qu’il n’aura jamais de fin.

Disons un mot de quelques autres origines.

Les hommes tirent plus de vanité d’une noble souche ou d’une souche singulière que d’un cœur noble et d’un mérite personnel. Les peuples de la Côte-d’Or, en Afrique, croient que le premier homme fut produit par une araignée. Les Athéniens se disaient descendus des fourmis d’une forêt de l’Attique. Parmi les sauvages du Canada, il y a trois familles principales : l’une prétend descendre d’un lièvre, l’autre dit qu’elle descend d’une très-belle et très-courageuse femme qui eut pour mère une carpe, dont l’œuf fut échauffé par les rayons du soleil ; la troisième famille se donne pour premier ancêtre un ours. Les rois des Goths étaient pareillement nés d’un ours. Les Pégusiens sont nés d’un chien. Les Suédois et les Lapons sont issus de deux frères, dont le courage était bien différent, s’il faut en croire les Lapons. Un jour qu’il s’était élevé une tempête horrible, l’un des deux frères (ils se trouvaient ensemble) fut si épouvanté qu’il se glissa sous une planche, que Dieu, par pitié, convertit en maison. De ce poltron sont nés tous les Suédois. L’autre, plus courageux, brava la furie de la tempête, sans chercher même à se cacher : ce brave fut le père des Lapons, qui vivent encore aujourd’hui sans s’abriter.

Les Syriens disent que notre planète n’était pas faite pour être habitée originairement par des gens raisonnables, mais que, parmi les citoyens du ciel, il se trouva deux gourmands, le mari et la femme, qui s’avisèrent de manger une galette. Pressés ensuite d’un besoin qui est la suite de la gourmandise, ils demandèrent à un des principaux domestiques de l’empire où était la garde-robe. Celui-ci leur répondit : Voyez-vous-la terre, ce petit globe qui est à mille millions de lieues de nous ? C’est là. Ils y allèrent, et on les y laissa pour les en punir.

Selon les Indiens, huit éléphants soutiennent le monde ; ils les appellent Achtequedjams.

On peut voir, pour plus de détails, le préambule des Légendes de l’Ancien Testament.

Ornithomancie, divination qu’on tirait de la langue, du vol, du cri et du chant des oiseaux. Voy. Augures.

Orobas, grand prince du sombre empire. On le voit sous la forme d’un beau cheval. Quand il paraît sous la figure d’un homme, il parle de l’essence divine. Consulté, il donne des réponses sur le passé, le présent et l’avenir. Il

 
Orobas
Orobas
 
découvre le mensonge, accorde des dignités et des emplois, réconcilie les ennemis, et a sous ses ordres vingt légions.

Oromasis, salamandre distingué que les cabalistes donnent pour compagnon de Noé dans l’arche.

Oromaze, Ormos, Ormuzd. La mythologie persane dit que le dieu Oromaze fit vingt-quatre dieux, et les mit tous dans un œuf. Ahrimane, son ennemi, en ayant aussi fait un pareil nombre, ceux-ci percèrent l’œuf, et le mal se trouva alors mêlé avec le bien. Voy. Ahrimane.

Oronte. Pausanias raconte qu’un empereur romain, voulant transporter ses troupes depuis la mer jusqu’à Antioche, entreprit de rendre l’Oronte navigable, afin que rien n’arrêtât ses vaisseaux. Ayant donc fait creuser un canal avec beaucoup de peines et de frais, il détourna le fleuve et lui fit changer de lit. Quand le premier canal fut à sec, on y trouva un tombeau de briques long de onze coudées, qui refermait un cadavre de pareille grandeur et de figure humaine dans toutes ses parties. Les Syriens ayant consulté l’oracle d’Apollon, à Claros, pour savoir ce que c’était, il leur fut répondu que c’était Oronte, Indien de nation.

Orphée, époux d’Eurydice, qu’il perdit le jour de ses noces, qu’il pleura si longtemps, et qu’il alla enfin redemander aux enfers. Platon la lui rendit, à condition qu’il ne regarderait point derrière lui jusqu’à ce qu’il fut hors du sombre empire. Orphée ne put résister à son impatience ; il se retourna et perdit Eurydice une seconde fois et sans retour. Il s’enfonça alors dans un désert, jura de ne plus aimer, et chanta ses douleurs d’un ton si touchant qu’il attendrit les bêtes féroces. Les bacchantes furent moins sensibles, car sa tristesse le fit mettre en pièces par ces furieuses. Les anciens voyaient dans Orphée un