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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/530

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clarent}} ; des maux sans nombre accablent les parents du conquérant ; les historiens païens attribuent sans hésiter tous ces malheurs à la vengeance divine, qui punissait les impiétés et les parjures du père d’Alexandre sur sa famille. Thésée, dans Euripide, troublé de l’attentat dont il croit son fils coupable, s’écrie : « Quel est donc celui de nos pères qui a commis un crime digne de m’attirer un tel opprobre ? » J’omets à dessein une foule d’autres monuments, et je m’abstiens même de citer les livres de l’Ancien Testament, fort explicites sur ce point. Mais parmi ces témoignages et ces faits, une loi est écrite évidemment ; elle est écrite en caractères de sang dans les annales de tous les peuples : c’est la loi de l’hérédité du crime et de la peine. Un sentiment profond et universel la proclame. Ce cri des peuples ne saurait être ni la fausseté ni l’injustice[1]. »

Pédasiens. Chez les Pédasiens, peuples de Carie, toutes les fois qu’eux ou leurs voisins étaient menacés de quelque malheur, une longue barbe poussait à la prêtresse de Minerve. Hérodote remarque que ce prodige arriva trois fois.

Pédegache. Voy. Yeux.

Pégomancie, divination par les sources. Elle se pratiquait soit en y jetant un certain nombre de pierres dont on observait les divers mouvements, soit en y plongeant des vases de verre, et en examinant les efforts que faisait l’eau pour y entrer et chasser l’air qui les remplissait. La plus célèbre des pégomancies est la divination par le sort des dés, qui se pratiquait à la fontaine d’Abano, près de Padoue ; on jetait les dés dans l’eau pour voir s’ils surnageaient ou s’ils s’enfonçaient, et quels numéros ils donnaient ; sur quoi un devin expliquait l’avenir.

Pégu. Kiak-Kiak, dieu des dieux, ou plutôt démon des démons, idole principale du Pégu, est représenté sous une figure humaine, qui a vingt aunes de longueur, couchée dans l’attitude d’un homme endormi. Cette idole est placée dans un temple magnifique, dont les portes et les fenêtres sont toujours ouvertes et dont l’entrée est permise à tout le monde.

Peigne. Trouver un peigne, présage de bonheur.

Pendus. On sait qu’on gagne à tous les jeux, quand on a dans sa poche de la corde de pendu. — Un soldat de belle corpulence ayant été pendu, quelques jeunes chirurgiens demandèrent la permission d anatomiser son corps. On la leur accorda, et ils allèrent, à dix heures du soir, prier le bourreau de le leur remettre. Le bourreau était déjà couché ; il leur répondit qu’il ne se souciait pas de se lever, et qu’ils pouvaient aller eux-mêmes dépendre le mort. Pendant qu’ils s’y décidaient, le plus éveillé d’entre eux se détacha sans être remarqué, courut devant, se mit en chemise et se cacha sous son manteau au pied de la potence en attendant les autres. Quand ils furent arrivés, le plus hardi de la bande monta à l’échelle et se mit à couper la corde pour faire tomber le corps ; mais aussitôt le camarade caché se montra et dit :« Qui êtes-vous ? et pourquoi venez-vous enlever mon corps ? » À ces mots, et à la vue du fantôme blanc qui gardait la potence, les jeunes gens prennent la fuite épouvantés ; celui qui était sur l’échelle saute à bas sans compter les échelons, pensant que l’esprit du pendu le tenait déjà. « Et ne furent ces pauvres chirurgiens de longtemps rassurés[2]. »

On lisait dernièrement ce qui suit dans le Moniteur du Calvados : — « Voici un déplorable exemple d’aberration causée par la ridicule croyance aux erreurs et aux préjugés populaires, malheureusement enracinés encore profondément dans l’esprit de nos populations des campagnes. Un maçon, honnête ouvrier d’une petite commune du département de l’Orne, arrivait à grand’peine, à l’aide d’un travail opiniâtre, à nourrir sa nombreuse famille ; aussi la tête troublée par les superstitions et la lecture du Petit-Albert, résolut-il de se sacrifier pour le bonheur des siens. Il se pendit, en laissant un billet ainsi conçu : « Adieu, ma femme et mes enfants ! Comme je n’ai pas de fortune à vous donner, je veux vous laisser de quoi réussir dans tout ce que vous entreprendrez : Partagez-vous ma corde. »

Pénitence. Le Kari-Chang est le temps de pénitence des idolâtres de l’île Formose ; et chez les peuples que les ténèbres couvrent encore, les pénitences sont bien autrement dures que chez les chrétiens. Le Kari-Chang les oblige à vingt-sept articles qu’ils doivent observer exactement, sous peine d’être sévèrement châtiés. Entre autres choses, il leur est défendu, pendant ce temps, de construire des huttes, de se marier, de vendre des peaux, de semer, de forger des

  1. Le P. de Ravignan, Conférences de 1843 à NotreDame de Paris.
  2. Leloyer, Histoire des spectres.