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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/557

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pluies de crapauds et de grenouilles au nombre des phénomènes de mauvais augure ; et il n’y a pas encore longtemps qu’on les attribuait aux maléfices des sorciers. Elles ne sont pourtant pas difficiles à concevoir : les grenouilles et les crapauds déposent leur frai en grande quantité dans les eaux marécageuses. Si ce frai vient à être enlevé avec les vapeurs que la terre exhale, et qu’il reste longtemps exposé aux rayons du soleil, il en naît ces reptiles que nous voyons tomber avec la pluie. Les pluies de feu ne sont autre chose que la succession très-rapide des éclairs et des coups de tonnerre dans un temps orageux. Des savants ont avancé que les pluies de pierres nous venaient de la lune ; et cette opinion a grossi la masse énorme des erreurs populaires. Ces pluies ne sont ordinairement que les matières volcaniques, les ponces, les sables et les terres brûlées qui sont portés par les vents impétueux à une très-grande distance. On a vu les cendres du Vésuve tomber jusque sur les côtes d’Afrique. La quantité de ces matières, la manière dont elles se répandent dans les campagnes, souvent si loin de leur origine, et les désastres qu’elles occasionnent quelquefois, les ont fait mettre au rang des pluies les plus formidables. Mais, de toutes les pluies prodigieuses, la pluie de sang a toujours été la plus effrayante aux yeux du peuple ; et cependant elle est chimérique. Il n’y a jamais eu de vraie pluie de sang. Toutes celles qui ont paru rouges ou approchant de cette couleur ont été teintes par des terres, des poussières de minéraux ou d’autres matières emportées par les vents dans l’atmosphère, où elles se sont mêlées avec l’eau qui tombait des nuages. Plus souvent encore ce phénomène, en apparence si extraordinaire, a été occasionné par une grande quantité de petits papillons qui répandent des gouttes d’un suc rouge sur les endroits où ils passent[1].

Plutarque, le plus sage des philosophes, mort à Rome l’an 140 de notre ère. Il était initié et prêtre d’Apollon à Delphes. Cependant il a mérité par ses écrits les éloges même des chrétiens. Ses récits de la Cessation des oracles, son Histoire de Thespésius et ses Livres de morale, comme ses Vies des hommes illustres, établissent sa probité. Il a dû connaître les chrétiens.

Pluton, roi des enfers, selon les païens, et, selon les démonomanes, archidiable, prince du feu, gouverneur général des pays enflammés, surintendant des travaux forcés du ténébreux empire.

Plutus, dieu des richesses. Il était mis au nombre des dieux infernaux, parce que les richesses se tirent du sein de la terre. Dans les sacrifices en son honneur, les signes ordinairement funestes qu’offraient les entrailles des victimes devaient toujours s’interpréter en bonne part.

Pnigalion. C’est le nom que quelques méde-


cins ont donné au cauchemar, parce que, au moyen de visions effrayantes, il étouffe la voix et l’estomac.

Pocel, roi de l’enfer chez les Prussiens. Ils nomment aussi Pocol le chef des hordes d’esprits aériens, et Porquet celui qui garde les forêts. Ce dernier est le Pan des anciens[2]. Voy. Picollus et Pucel.

Pochwist, divinité de l’hiver et du mauvais temps chez les Polonais, avant qu’ils fussent chrétiens.

Pogoda, chez les mêmes, à la même époque, divinité du beau temps.

Points de côté. De bonnes gens dans les Ardennes croient guérir les points de côté au moyen de cette singulière prière : « Pointe ! Pointe sur pointe ! que Dieu te guérisse de cette pointe ! comme saint Côme et saint Damien ont guéri les plaies de Notre-Seigneur dans le jardin des Olives… »

Poirier (Marguerite), petite fille de treize ans qui déposa comme témoin contre Jean Grenier, jeune loup-garou. Elle déclara qu’un jour qu’elle gardait ses moutons dans la prairie, Grenier s’était jeté sur elle en forme de loup et l’eût mangée si elle ne se fût défendue avec un bâton, dont elle lui donna un coup sur l’échine. Elle avoua qu’il lui avait dit qu’il se changeait en loup à volonté, qu’il aimait à boire du sang et à manger la chair des petits garçons et des petites filles ; cependant qu’il ne mangeait pas les bras ni les épaules[3].

Poisons. On a souvent attribué à la magie des forfaits qui n’étaient dus qu’à la connaissance de l’art des poisons. « Il est certain que, pendant le seizième siècle, dans les années qui le précédèrent et le suivirent, l’empoisonnement était arrivé à une perfection inconnue à la chimie moderne et que l’histoire a constatée. L’Italie, berceau des sciences modernes, fut à cette époque

  1. Voyez l’Histoire naturelle de l’air et des météores, par l’abbé Richard.
  2. Leloyer, Histoire des spectres, etc., liv. III, p. 24 2.
  3. Delanere, Tableau de l’inconst, des démons, etc., liv, IX, p. 237.