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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/573

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chers tiennent ses pieds assiégés, la reine, avec ses plus braves sujets, livre un assaut à la tête. Hercule se réveille, et, riant du projet de ces fourmilières, les enveloppe toutes dans sa peau de lion et les porte à Eurysthée.

Les Pygmées avaient guerre permanente contre les grues, qui venaient de la Scythie les attaquer. Montés sur des perdrix ou, selon d’autres, sur des chèvres d’une taille proportionnée à la leur, ils s’armaient de toutes pièces pour aller combattre leurs ennemis.

Près de Morlaix, il existe, dit-on, de petits hommes d’un pied de haut, vivant sous terre, marchant et frappant sur des bassins. Ils étalent leur or et’le font sécher au soleil. L’homme qui tend la main modestement reçoit deux poignées de ce métal ; celui qui vient avec un sac dans l’intention de le remplir est éconduit et maltraité, leçon de modération qui tient à des temps reculés[1]. Voy. Nains, Gnomes, etc.

Pyramides. Les Arabes prétendent que les pyramides ont été bâties longtemps avant le déluge par une nation de géants. Chacun d’eux apportait sous son bras une pierre de vingt-cinq aunes.

Pyromancie, divination par le feu. On jetait dans le feu quelques poignées de poix broyée, et, si elle s’allumait promptement, on en tirait un bon augure ; ou bien on brûlait une victime, et on prédisait l’avenir sur la couleur et la figure de la flamme. Les démonomanes regardent le devin Amphiaraüs comme l’inventeur de cette divination. Il y avait à Athènes un temple de Minerve Poliade où se trouvaient des vierges occupées à examiner les mouvements de la flamme d’une lampe continuellement allumée. Delrio rapporte que, de son temps, les Lithuaniens pratiquaient une espèce de pyromancie qui consistait à mettre un malade devant un grand feu ; et si l’ombre formée par le corps était droite et directement opposée au feu, c’était signe de guérison ; si l’ombre était de côté, c’était signe de mort.

Pyrrhus, roi d’Épire, avait forcé les Locriens à remettre entre ses mains les trésors de Proserpine. Il chargea ses vaisseaux de ce butin sacrilège et mit à la voile ; mais il fut surpris par une tempête si furieuse qu’il échoua sur la côte voisine du temple. On retrouva sur le rivage tout l’argent qui avait été enlevé, et on le remit dans le dépôt sacré[2].

Pythagore, fils d’un sculpteur de Samos. Il voyagea pour s’instruire : les prêtres d’Égypte l’initièrent à leurs mystères, les mages de Chaldée lui communiquèrent leurs sciences : les sages de Crète leurs lumières. Il rapporta dans Samos tout ce que les peuples les plus instruits possédaient de sagesse et de connaissances utiles ; mais trouvant sa patrie sous le joug du tyran Polycrate, il passa à Crotone, où il éleva une école de philosophie dans la maison du fameux athlète Milon. C’était vers le règne de ïarquin le Superbe. Il enseignait la morale, l’arithmétique, la géométrie et la musique. On le fait inventeur de la métempsycose. Il paraît que, pour étendre l’empire qu’il exerçait sur les esprits, il ne dédaigna pas d’ajouter le secours des prestiges aux avantages que lui donnaient ses connaissances et ses lumières. Porphyre et Jamblique lui attribuent des prodiges ; il se faisait entendre et obéir des bêtes mêmes. Une ourse faisait de grands ravages dans le pays des Dauniens ; il lui ordonna de se retirer : elle disparut. Il se montra avec une cuisse d’or aux jeux olympiques ; il se fit saluer par le fleuve Nessus ; il arrêta le vol d’un, aigle ; il fit mourir un serpent ; il se fit voir, le même jour et à la même heure, à Crotone et à Métaponte. Il vit un jour, à Tarente, un bœuf qui


broutait un champ de fèves ; il lui dit à l’oreille quelques paroles mystérieuses qui le firent cesser pour toujours de manger des fèves[3]. On n’appelait plus ce bœuf que le bœuf sacré, et, dans sa vieillesse, il ne se nourrissait que de ce que les passants lui donnaient. Enfin, Pythagore prédisait l’avenir et les tremblements de terre avec une adresse merveilleuse ; il apaisait les tempêtes, dissipait la peste, guérissait les maladies d’un seul mot ou par l’attouchement. Il fit un voyage aux enfers, où il vit l’âme (l’Hésiode attachée avec des chaînes à une colonne d’airain, et celle d’Homère pendue à un arbre au milieu d’une légion de serpents, pour toutes les fictions injurieuses à la Divinité dont leurs poèmes sont remplis. Pythagore intéressa les femmes au succès de ses visions, en assurant qu’il avait vu dans les enfers beaucoup de maris très-rigoureusement punis pour avoir maltraité leurs femmes, et que c’était le genre de coupables le moins ménagé dans l’autre vie. Les femmes furent contentes, les maris eurent peur, et tout fut reçu. Il y eut encore une circonstance qui réussit merveilleusement : c’est que Pythagore, au moment de son retour des enfers, et portant encore sur le visage la pâleur et l’effroi qu’avait dû lui causer la vue de tant de supplices, savait parfaite-

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, en 1794.
  2. Valère-Maxime.
  3. Les pythagoriciens respectaient tellement les fèves, que non-seulement ils n’en mangeaient point, mais même il ne leur était pas permis de passer dans un champ de fèves, de peur d’écraser quelque parent dont elles pouvaient loger l’âme.