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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/640

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rieuses rieuses deviendront claires à vos regards. Des merveilles vont être révélées. Le monde sera illuminé. Je signe : Benjamin Franklin.

» N’allez pas dans l’autre pièce. »

Nous attendions depuis quelques instants, lorsque M. Jervis se présenta dans le salon, et nous dit que les coups lui avaient ordonné de s’y rendre pour comparer ses notes avec les nôtres. Alors il lut ces notes, qui étaient comme il suit :

Nous demandons : « Est-ce tout comme vous le voulez ? — Oui. » Nous entendons le signal pour faire réciter l’alphabet, et on nous dit : « Il y aura de grands changements dans le cours du dix-neuvième siècle. Des choses qui vous paraissent maintenant obscures et mystérieuses deviendront claires à vos regards. Des merveilles vont être révélées. Le monde sera illuminé. Je signe : Benjamin Franklin.

» Allez dans le salon, et comparez vos notes avec celles des autres. »

Cette comparaison faite, M. Jervis retourne à son groupe, et alors, par l’alphabet, on leur dit : « Maintenant, allez tous dans le salon. » Ce qui fut fait ; et enfin la lecture générale des notes fut faite en présence de tous.

Après cette lecture, nous demandâmes : « Le docteur Franklin a-t-il encore quelque chose à nous dire ? — Il me semble que je vous ai donné bien assez de preuves pour aujourd’hui. — Ne faut-il pas garder le secret sur cette expérience ? — Non, il faut en mettre le récit dans les journaux. — Dans quels journaux ? — Dans le Democrat ou le Magnet. — Qui doit rédiger ce compte rendu ? — George Willet. »

Alors on nous fixa l’heure et le lieu d’un prochain rendez-vous, en nous indiquant encore deux autres individus qui devaient y assister avec nous.

On sait que les esprits ont causé avec les humains, au moyen des tables tournantes. Ensuite sont venus les mediums, personnages favorisés par les esprits qui font d’eux leurs organes. Nos journaux reproduisaient en janvier 1862 plusieurs nouvelles du spiritisme, venues aussi des relations américaines. En voici une :

« Le général Scott avait pour principal conseiller un beau guéridon en palissandre. D’après le Journal de Mayfield, ce n’est plus une table que consulte Beauregard, mais un medium en chair et en os, une jeune Hindoustani, nommée Elzur Bahoor.

» Cette fille de Brahma a commencé, dit-on, par être bayadère au service du fameux Nana-Sahib. Après le massacre de Gawnpore, elle resta dans cette ville assiégée par les Anglais, et tomba aux mains du général Havelock, qui l’envoya à Londres. Là elle fut douée de la faveur spirite, devint medium, connut M. Home et partit avec un riche planteur pour la Nouvelle-Orléans. Elle y émerveilla Beauregard, qui se l’attacha et s’abandonna entièrement à ses avis. Ce n’est que sur ses conseils qu’il a bombardé Sumter. Il lui doit la bataille de Bull-Run. Elle lui a prédit qu’il entrerait un jour vainqueur dans Washington. Sa puissance comme medium est si grande qu’elle évoque qui elle veut, vivant ou mort. On prétend même qu’elle a fait apparaître M. Lincoln à Jefferson Davis, abusant d’un moment où le président, abdiquant sa volonté, était endormi à la Maison-Blanche. On raconte que M. Lincoln a révélé tous ses secrets à son adversaire, a fait trois fois le tour de la chambre en voltigeant, puis s’est évanoui par la cheminée. On conçoit qu’après de pareilles preuves de puissance, Beau-regard ait confiance dans Elzur Bahoor. »

En tout cela, nous ne jugeons pas ; c’est l’affaire de l’Église. Le P. Matignon, dans un admirable petit livre[1], éclaire les âmes prudentes sur ces faits du spiritisme. Il voit Paris conserver à ce propos des séances hebdomadaires où l’on est reçu dès qu’on est sympathique aux esprits ; il voit, dans la plupart de nos grands centres, des réunions d’hommes influents évoquer les morts et ne recevoir des esprits trompeurs qui leur répondent que des illusions ou des fourberies. Dieu a condamné les évocations des morts ; les esprits qui se donnent des noms ne sont donc que ces puissances de l’air qui nous circonviennent pour nous entraîner. Voy. Tables.

Spodomantie ou Spodanomancie, divination par les cendres des sacrifices, chez les anciens. Il en reste quelques vestiges en Allemagne. On écrit du bout du doigt, sur la cendre exposée à l’air, ce que l’on veut savoir ; on laisse la cendre ainsi chargée de lettres à l’air de la nuit, et le lendemain matin, on examine les caractères qui sont restés lisibles, et on en tire des oracles. Quelquefois le diable vient écrire la réponse. Voy. Cendres.

Spranger (Barthélemi), peintre d’Anvers qui se rendit célèbre au seizième siècle par un tableau connu sous le nom de tableau des sorciers.

Sprenger (Jacques), dominicain qui, avec son confrère Henri Institor, écrivit, d’après leurs propres expériences dans les affaires de sorcellerie, un livre qui a fait assez de bruit, sous le titre de Malleus maleficarum, Lyon, 1484, réimprimé plusieurs fois en divers formats et dans diverses collections, à Cologne, à Nuremberg, à Francfort, etc.

Spunkie, démon qui protège en Écosse les maraudeurs et les bandits. Il est errant et assez redouté[2].

Spurina. Suétone assure que l’astrologue Spurina prédit à César que les ides de mars lui seraient

  1. Les morts et les vivants, entretiens sur les communications d’outre-tombe, petit in-12.
  2. Voyez la légende du Spunkie dans les Légendes des esprits et démons.