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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/683

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URO
VAD
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mena à la ville, et les livrât toutes deux à la justice.

Nous ne parlerons de la médecine des urines que pour remarquer qu’elle est un peu moins incertaine que les autres spécialités de la même science, Des railleurs présentaient une fiole d’urine de cheval à un docteur de ce genre qu’ils voulaient mystifier ; il l’inspecta et la rendit en disant : « Donnez de l’avoine et du foin au malade. »

Les Égyptiens disaient qu’Hermès Trismégiste avait divisé le jour en douze heures et la nuit pareillement, sur l’observation d’un animal consacré à Sérapis, le Cynocéphale, qui jetait son urine douze fois par jour, et autant la nuit, à des intervalles égaux.

Urotopégnie, chevillement. Delancre dit qu’il y a un livre de ce nom dans lequel on voit que les moulins, les tonneaux, les fours, etc., peuvent être liés ainsi que les hommes. Voy. Ligatures.

Uterpen. Voy. Merlin.

Utéseture, espèce de magie pratiquée chez les Islandais ; on en fait remonter l’usagé jusqu’à Odin. Ceux qui se trouvent la nuit hors de leur logis s’imaginent converser avec des esprits, qui communément leur conseillent de faire le mal.




V

Vaccine. Quand l’inoculation s’introduisit à Londres, un ministre anglican la traita en chaire d’innovation infernale, de suggestion diabolique, et soutint que la maladie de Job n’était que la petite vérole que lui avait inoculée le malin[1].

D’autres pasteurs anglais ont traité pareillement la vaccine ; des médecins français ont écrit que la vaccine donnerait aux vaccinés quelque chose de la race bovine, que les femmes soumises à ce préservatif s’exposaient à devenir des vaches comme Io. Voy. les écrits des docteurs Vaume, Moulet, Chapon, etc.

Vache. Cet animal est si respecté dans l’Hindoustan, que tout ce qui passe par son corps a, pour les Hindous, une vertu sanctifiante et mé-

 
Vache
Vache
 


dicinale. Les brahmes donnent du riz aux vaches, puis ils en cherchent les grains entiers dans leurs excréments, et font avaler ces grains aux malades, persuadés qu’ils sont propres à guérir le corps et à purifier l’âme. Ils ont une vénération singulière pour les cendres de bouse de vache. Les souverains ont à leur cour des officiers qui n’ont point d’autre fonction que de présenter le matin à ceux qui viennent saluer le prince un plat de ces cendres détrempées dans un peu d’eau. Le courtisan plonge le bout du doigt dans ce mortier, et se fait sur différentes parties du corps une onction qu’il regarde comme très-salutaire. Voy. Vaïcarani.

Chez les Hébreux, on sacrifiait une vache rousse, pour faire de ses cendres une eau d’expiation destinée à purifier ceux qui s’étaient souillés par l’attouchement d’un mort. C’est de là sans doute que vient, dans le Midi, l’opinion qu’une vache rousse est mauvaise.

Vade. La légende de Vade ou Wade et de son fils Véland le Forgeron est célèbre dans la littérature Scandinave. La voici telle que MM. Depping et Francisque Michel, guidés par les monuments de la Suède et de l’Islande, l’ont exposée dans leur Dissertation sur une tradition du moyen âge, publiée à Paris en 1833 :

« Le roi danois Wilkin, ayant rencontré dans une forêt, au bord de la mer, une belle femme, qui était une haffru ou femme de mer, espèce d’êtres marins qui, sur terre, prennent la forme d’une femme, s’unit avec elle, et le fruit de cette union fut un fils géant, qui fut appelé Vade. Wilkin lui donna douze terres en Seeiande. Vade eut à son tour un fils appelé Veland ou Vanlund. Quand ce dernier eut atteint Page de neuf ans, son père le conduisit chez un habile forgeron du Hunaland, appelé Mimer, pour qu’il apprît à forger, tremper et façonner le fer. Après l’avoir laissé trois hivers dans le Hunaland, le géant Vade se rendit avec lui à une montagne appelée Kallova, dont l’intérieur était habité par deux nains qui passaient pour savoir mieux forger le fer que les autres nains et que les hommes ordinaires. Ils fabriquaient des épées, des casques et des cuirasses ; ils savaient aussi travailler l’or et l’argent, et en faire toute sorte de bijoux. Pour un marc d’or, ils rendirent Veland le plus habile forgeron de la terre. Néanmoins ce dernier tua ses maîtres, qui voulaient profiter d’une tempête dans laquelle Vade avait péri pour mettre à mort

  1. M. Salues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. III, p. 84.
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