Aller au contenu

Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AUG
AUG
— 64 —

dius Pulcher, prêt à livrer bataille aux Carthaginois, que les poulets sacrés refusaient de manger. — « Qu’on les jette à la mer, répondit-il, s’ils ne mangent pas, ils boiront. » Mais Famée fût indignée de ce sacrilège, et Claudius perdit la bataille[1].

Les oiseaux ne sont pas, chez nos bonnes gens, dépourvus du dori de prophétie. Le cri de la chouette annonce la mort ; le chant du rossignol promet de la joie ; le coucou donne de l’argent, quand on porte sur soi quelque monnaie le premier jour qu’on a le bonheur de l’entendre, etc.

Si une corneille vole devant vous, dit Cardan, elle présage un malheur futur ; si elle vole à droite, un malheur présent ; si elle vole à gauche, un malheur qu’on peut éviter par la prudence ; si elle vole sur votre tête, elle annonce la mort, pourvu toutefois qu’elle croasse ; si elle garde le silence, elle ne présage rien…

On dit que la science des augures passa des Chaldéens chez les Grecs, et ensuite chez les Romains. Elle est défendue aux Juifs par le chapitre xxix du Lévitique.

Gaspard Peucer dit que les augures se pre-

 
Augures
Augures
Augures.
 
naient de cinq choses : 1o du ciel ; 2o des oiseaux ; 3o des bêtes à deux pieds ; 4o des bêtes à quatre pieds ; 5o de ce qui arrive au corps humain, soit dans la maison, soit hors de la maison.

Mais les anciens livres auguraux, approuvés par Maggioli dans le deuxième colloque du supplément a ses Jours caniculaires, portent les objets d’augures a douze chefs principaux, selon le nombre des douze signes du zodiaque : 1o l’entrée d’un animal sauvage ou domestique dans une maison ; 2o la rencontre d’un animal sur la route ou dans la rue ; 3o la chute du tonnerre ; 4o un rat qui mange une savate, un renard qui étrangle une poule, un loup qui emporte une brebis, etc. ; 5o un bruit inconnu entendu dans la maison, et qu’on attribuait à quelque lutin ; 6o le cri de la corneille ou du hibou, un oiseau qui tombe sur le chemin, etc. ; 7o un chat ou tout autre animal qui entre par un trou dans la maison : on le prenait pour un mauvais génie ; 8o un flambeau qui s’éteint tout seul, ce que l’on croyait une malice d’un démon ; 9o le feu qui pétillé. Les anciens pensaient que Vulcain leur parlait alors dans le foyer ; 10o ils Liraient encore divers présages lorsque la flamme étincelait d’une manière extraordinaire ; 11o lorsqu’elle bondissait, ils s’ima-

  1. On sait que Livie, étant grosse, imagina de couver et d’éclore un œuf dans son soin, voulant augurer du sexe de son enfant par le sexe du poussin qui viendrait. Ce poussin fut mâle, et son enfant aussi. Les augures ne manquèrent pas de se prévaloir du fait pour montrer aux plus incrédules la vérité de leur art ; mais ce qui reste le mieux prouvé, c’est que la chaleur humaine est suffisante pour l’incubation des œufs.