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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/720

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ZAI
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Zairagie (Zairagiah), divination en usage parmi les Arabes ; elle se pratique au moyen de plusieurs cercles ou roues parallèles correspondantes aux deux des planètes, placés les uns avec les autres, et marqués de lettres que l’on fait rencontrer ensemble par le mouvement qu’on leur donne selon certaines règles.

Zapan est, dans Wierus, l’un des rois de l’enfer.

Zariatnatmik, personnage inconnu, mais très-puissant. Voy. Verge.

Zazarraguan, enfer des îles Mariannes, où sont logés ceux qui meurent de mort violente, tandis que ceux qui meurent naturellement vont jouir des fruits délicieux du paradis.

Zédéchias. Quoiqu’on fût crédule sous le règne de Pépin le Bref, on refusait de croire à l’existence des êtres élémentaires. Le cabaliste Zédéchias se mit dans l’esprit d’en convaincre le monde ; il commanda donc aux sylphes de se montrer à tous les mortels. S’il faut en croire l’abbé de Villars, ils le firent avec magnificence. On voyait dans les airs ces créatures admirables, en forme humaine, tantôt rangées en bataille, marchant en bon ordre, ou se tenant sous les armes, ou campées sous des pavillons superbes ; tantôt sur des navires aériens d’une structure merveilleuse, dont la flotte volante voguait au gré des zéphirs. Mais ce siècle ignorant ne pouvait raisonner sur la nature de ces spectacles étranges ; le peuple crut d’abord que c’étaient des sorciers qui s’étaient emparés de l’air pour y exciter des orages et pour faire grêler sur les moissons. Les savants et les jurisconsultes furent bientôt de l’avis du peuple ; les empereurs le crurent aussi, et cette ridicule chimère alla si loin que le sage Charlemagne et après lui Louis le Débonnaire imposèrent de graves peines à ces prétendus tyrans de l’air… Mais nous ne connaissons qu’un coin de la superficie de ces faits.

Zeernébooch, dieu noir, dieu de l’empire des morts chez les anciens Germains.

Zépar, grand-duc de l’empire infernal, qui pourrait bien être le même que Vépar ou Sépar. Néanmoins, sous ce nom de Zépar, il a la forme d’un guerrier. Il pousse les hommes aux passions infâmes. Vingt-huit légions lui obéissent.

Ziganis. Voy. Zincalis.

Zigheuners. On rencontre souvent en Allemagne, tantôt marchant par bandes avec leurs charrettes disloquées et leurs haridelles boiteuses, tantôt bivouaquant en dehors des villages, des familles de gens déguenillés, au teint de cuivre, au regard sauvage, et dont le physique vulturien, encadré de longs cheveux noirs, contraste autant que leur saleté sordide avec cette population germanique si propre, si blonde et à physionomie si cordialement ouverte.

Ces voyageurs, que l’on nomme zigheuners (vagabonds) dans le pays, sont des bohémiens dont les hideuses caravanes parcourent encore l’Europe orientale et pénètrent même quelquefois jusqu’en France par les parties boisées de nos frontières ; mais elles ne tardent pas alors à être obligées de rebrousser chemin. Ces tribus errantes, que l’on nomme dans le Levant nids de bohémiens, paraissent descendre des sudders ou parias de l’Inde, qui, dans les premières années du quinzième siècle, ont quitté leur patrie pour échapper à la férocité des Tartares de Timour-Beg, et cette opinion semble être confirmée par le caractère de leur physionomie, leurs mœurs, et surtout par leur préférence marquée pour la viande des bêtes mortes de maladie. « La viande d’un animal que Dieu a fait mourir, disent-ils, doit être meilleure que celle d’un animal tué par la main de l’homme. »

Depuis plus de quatre siècles donc, ces peuplades n’ont jamais pu s’accoutumer à la vie sédentaire ; l’hiver, néanmoins, les bohémiens se bâtissent des cabanes où ils gîtent tant que dure la saison rigoureuse ; mais dès que les grenouilles commencent à coasser, ils se mettent à jeter bas ces huttes et reprennent gaiement leur volée.

Les zigheuners exercent tous le métier de forgerons et de rétameurs ambulants. « Cinquante bohémiens, cinquante forgerons, » dit un proverbe hongrois. Leurs femmes disent la bonne aventure et leurs enfants vont mendier. Mais le vol est aussi une de leurs ressources, et il leur arrive même quelquefois de commettre ce crime à main armée ; toutefois il faut que l’aubaine soit bonne et l’occasion facile, car la bravoure n’est pas leur fait, comme on peut en juger par ce dicton transylvain : « On peut chasser devant soi cinquante bohémiens sans avoir d’autre arme qu’un torchon mouillé. »

Les Hongrois et les Allemands leur attribuent le pouvoir de jeter des sorts, l’art de guérir les animaux malades, et surtout la science divinatoire : aussi n’est-il merveille que l’on ne raconte là-dessus ; mais la naïveté de ceux qui les consultent nous semble bien plus merveilleuse encore que la science prophétique de ces éternels voyageurs. Une femme veuve, qui faisait valoir avec son fils une petite ferme aux environs de Troppau, dans la Silésie autrichienne, étant allée un matin pour traire sa vache, fut grandement surprise de ne plus la trouver à l’étable. Aussitôt la paysanne et son fils de chercher partout, mais nulle part la moindre trace de la bête fugitive. Enfin, après avoir inutilement battu les environs, la fermière se décide à aller consulter des bohémiens qui avaient pris leurs quartiers d’hiver à quelques kilomètres de là, et la bonne femme fut vraiment au comble de la joie lorsque, ayant demandé le signalement de sa bête, celui à qui elle s’était adressée lui promit que, moyennant dix florins payables après réussite, elle trouverait le lendemain matin sa vache attachée au loquet de sa porte.