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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/87

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BAR
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rive dans un tonneau, escorté par un diable, un courrier, un perruquier et un meunier. Le passager qui ne veut pas donner pour boire aux matelots est arrosé ou baigné, après avoir été poudré et frisé. On ne sait trop l’origine de cet usage, ni pourquoi le diable y figure.

Baraboulé. Voy. Kacher.

Barat, maladie de langueur, ordinairement le résultat d’un sort jeté, qui conduit infailliblement à la mort, et qui, selon les opinions bretonnes, est guérie par les eaux de la fontaine de Sainte-Candide, près de Scaer, dans le Finistère. Il n’est pas d’enfant qu’on ne trempe dans cette fontaine quelques jours après sa naissance ; on croit qu’il vivra s’il étend les pieds, et qu’il mourra dans peu s’il les retire[1].

Barbas, démon. Voy. Marbas.

Barbatos, grand et puissant démon, comte-duc aux enfers, type de Robin des Bois ; il se montre sous la figure d’un archer ou d’un chas-

Barbatos, démon figuré en chasseur.
Barbatos, démon figuré en chasseur.


seur ; on le rencontre dans les forêts. Quatre rois sonnent du cor devant lui. Il apprend à deviner par le chant des oiseaux, le mugissement des taureaux, les aboiements des chiens et les cris des divers animaux. Il connaît les trésors enfouis par les magiciens. Il réconcilie les amis brouillés. Ce démon, qui était autrefois de l’ordre des vertus des cieux ou de celui des dominations, est réduit aujourd’hui à commander trente légions infernales. Il connaît le passé et le futur[2].

Barbe. Les Romains gardaient avec un soin superstitieux leur première barbe. Néron faisait conserver la sienne dans une boîte d’or enrichie de pierreries[3].

Barbe-à-Dieu. Thiers, dans son Traité des superstitions, rapporte la prière dite la Barbe-à-Dieu ; c’est une prière superstitieuse encore populaire, et qui se trouve dans divers recueils. La voici : « Pécheurs et pécheresses, venez à moi parler. Le cœur me dut trembler au ventre, comme fait la feuille au tremble, comme fait la Loisonni quand elle voit qu’il faut venir sur une petite planche, qui n’est plus grosse ni plus membre que trois cheveux de femme grosse ensemble. Ceux qui la Barbe-à-Dieu sauront, par-dessus la planche passeront, et ceux qui ne la sauront, au bout de la planche s’assiseront, crieront, braieront : Mon Dieu ! hélas ! malheureux état ! Est comme petit enfant celui qui la Barbe-à-Dieu n’apprend. »

Barbe bleue. Voy. Retz.

Barbe de Saint-Michel, religieuse de Louviers. Voy. Louviers.

Barbeloth. Des gnostiques, appelés barbeliots ou barboriens, disaient qu’un Éon immortel avait eu commerce avec un esprit vierge appelé Barbeloth, à qui il avait successivement accordé la prescience, l’incorruptibilité et la vie éternelle ; que Barbeloth, un jour, plus gai qu’à l’ordinaire, avait engendré la lumière, qui, perfectionnée par l’onction de l’esprit, s’appela Christ ; que Christ désira l’intelligence et l’obtint ; que l’intelligence, la raison, l’incorruptibilité et Christ s’unirent ; que la raison et l’intelligence engendrèrent Autogène ; qu’Autogène engendra Adamas, l’homme parfait, et sa femme la connaissance parfaite ; qu’Adamas et sa femme engendrèrent le bois ; que le premier ange engendra le Saint-Esprit, sagesse ou Prunic ; que Prunic engendra Protarchonte ou premier prince, qui fut insolent et sot ; que Protarchonte et Arrogance engendrèrent les vices et toutes leurs branches. Les barbeliots débitaient ces merveilles en hébreu, et leurs cérémonies n’étaient pas moins abominables que leur doctrine était extravagante[4].

Barbier. Pline le jeune[5] avait un affranchi, nommé Marc, homme quelque peu lettré, qui couchait dans un même lit avec son jeune frère, Marc, dans le sommeil, crut voir une personne assise au chevet de son lit, qui lui coupait les cheveux du haut de la tête. À son réveil, il se trouva rasé, et ses cheveux jetés au milieu de la chambre. — La même chose arriva, dans le même temps, à un jeune garçon qui dormait avec plusieurs autres dans une pension. Il vit entrer par la fenêtre deux hommes vêtus de blanc, qui lui coupèrent les cheveux comme il dormait. À son réveil, on trouva ses cheveux répandus sur le plancher. « À quoi cela peut-il être attribué, dit D. Calmet[6], si ce n’est à des follets ? » — ou aux compagnons de lit ?

Il y a quelques lutins, du genre de ceux-là, qui ont fait pareillement les fonctions de barbiers. Les contes populaires de l’Allemagne vous apprendront que les revenants peuvent ainsi faire la barbe aux vivants.

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 457.
  2. Wierus, in Pseudomonarchia dæmon.
  3. M. Nisard, Stace.
  4. Bergier, Dictionnaire théolog., au mot Barbeliots.
  5. Lib. XVI., epist. xxvii.
  6. Dissertation sur les apparitions.