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Page:Jaloux - Les barricades mystérieuses, 1922.djvu/27

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MYSTÉRIEUSES

si désenchantée, qu’elle me paralysait peu à peu. La vie m’apparaissait à travers une buée, dansante et défaite, et telle que la robe d’or d’une danseuse que l’on voit, sur l’autre rive d’un fleuve, au milieu du brouillard, mêlée à des oiseaux, à des blés, à des vapeurs d’encens, à des rafales de feuilles. Traînantes images amoureuses qui me brûlaient les yeux, nostalgies d’un soleil inconnu, désirs d’une immortelle, plus belle que toutes nos roses, ballet de mortes encore sensibles, qui flottent sous les cyprès d’un cimetière, tandis que la vigie d’une hulotte signale à l’horizon un campagnol, la lune ou la rentrée du concierge ivre !

Je vis le jour s’en aller vers l’Occident, glissant sur un chemin de sable empourpré, je vis la nuit venir de l’Orient, courant sur des dalles déjà noires. Je vis le forgeron céleste suspendre à la voûte de son atelier