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Page:Jaloux - Les barricades mystérieuses, 1922.djvu/59

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LES BARRICADES MYSTÉRIEUSES

tait d’ailleurs ? Je devais porter en moi ce secret depuis longtemps. Pour un peu, j’eusse, à ce moment, soutenu que je l’avais aimée bien avant Martial lui-même, alors que, si je me fusse montré sincère, j’aurais fait dater la naissance de ce sentiment, de la minute où ma vanité avait senti, dans l’attitude de Wanda, je ne sais quel regret que je ne fusse pas amoureux d’elle, — quel espoir que je le devinsse !

Mais je ne demandais pas à être sincère, je ne demandais qu’à être heureux. La joie naissait en moi, subtile, multiforme, une joie si vaste que j’avais envie de la faire partager à tous les humains. En remontant vers notre maison, tout me montrait un sourire amical. Il me semblait que les arbres se penchaient sur moi pour me féliciter, que les fleurs me faisaient de petits signes de tête. Le ciel, là-haut, dansait avec tous ses nuages, dans une ronde sans