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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/109

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d’ouvriers allemands (nur die paar deutschen Arbeiter), et encore pas tous... Les alliancistes mettent tout en œuvre pour venir en masse au Congrès, pendant que chez nous tout s’endort. Il ne pourra venir aucun délégué français, l’organisation étant détruite. Les Allemands... sont très désillusionnés et engourdis... Du Danemark, on n’entend ni ne voit rien... D’Angleterre il ne pourra venir que peu de délégués. Il est très douteux que l’Espagne en envoie un. Il faut donc s’attendre à ce que le Congrès soit très peu fréquenté, et à ce que les bakounistes aient plus de monde que nous. Les Genevois eux-mêmes ne font rien, l’Égalité paraît définitivement morte ; on ne peut donc, là aussi, s’attendre qu’à une faible participation, — mais au moins nous serons là dans notre domicile privé (wir sitzen in unserem eigenen Hause), et chez des gens qui connaissent Bakounine et sa bande et qui au besoin les rosseront (ind sie im Nothfall hinausprügeln). Ainsi, Genève est l’endroit unique ; et, pour nous assurer la victoire, il suffit — mais c’est une condition indispensable — que le Conseil général, en conformité de sa résolution du 26 janvier[1], déclare sorties de l’Internationale :

1° La Fédération belge, qui a déclaré ne rien vouloir avoir à faire avec le Conseil général, et a rejeté les résolutions de la Haye ;

2° La partie de la Fédération espagnole représentée à Cordoue, qui, contrairement aux statuts, a déclaré facultatif le paiement des cotisations, et a également rejeté les résolutions de la Haye ;

3° Les Sections et personnalités anglaises qui ont été représentées au prétendu Congrès de Londres du 26 janvier, et qui ont également rejeté les résolutions de la Haye ;

4° La Fédération jurassienne, qui, dans le Congrès qu’elle va tenir[2], ne manquera pas de vous donner des motifs suffisants pour aller au delà de votre décision de suspension.

Pour finir, vous pourriez déclarer que la prétendue Fédération italienne, qui a tenu un prétendu Congrès à Bologne (au lieu de Mirandola), n’appartient pas à l’Internationale, attendu qu’elle n’a rempli aucune des conditions exigées par les statuts.

Quand vous aurez voté une résolution semblable, et que le Conseil général aura nommé à Genève une commission pour la préparation du Congrès et la vérification préalable des mandats, commission composée, par exemple, de Becker, de Perret et de Duval, et d’Outine s’il est là, nous aurons fermé la porte à l’intrusion des bakounistes. Dès que le Conseil général aura donné pour instruction à cette commission que ces gens ne doivent pas être reconnus comme délégués, jusqu’à ce que la majorité des véritables délégués de l’Internationale se soit prononcée sur leur compte, tout sera en règle, et, quand même ils seraient en majorité, ils ne peuvent plus nuire ; ils iront ailleurs et feront un Congrès pour eux, mais sans avoir réussi à se prévaloir contre nous de leur supériorité numérique (aber ohne uns gegenüber ihre Mehrzahl zur Geltung gebracht zu haben). Et c’est là tout ce que nous pouvons demander.

  1. Voir plus haut p. 58.
  2. Le Congrès de Neuchâtel du 27 avril, dont Engels ne connaissait pas encore les décisions.