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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/268

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électeurs à cet état lamentable, cet homme donne un dîner et vous y invite. Irez vous ? »

« Nul doute que M. Tirard n’eût escaladé la tribune pour protester, au nom de son passé, de son père, de sa mère et de ses enfants, contre la possibilité d’un tel crime. Eh bien, M. Mac-Mahon a fait tout cela et continue à le faire. Il a donné le dîner en question, y a invité M. Tirard, et M. Tirard s’est empressé d’y aller.

« Pas un mot de plus. »

Sur quoi le Bulletin (6 décembre) ajoutait :

« Mais oui, au contraire, encore un mot, de grâce. La gauche tout entière n’en a-t elle pas fait autant que M. Tirard, en la personne de ses délégués ? Un seul de ses membres a-t-il protesté ? L’infamie leur est commune à tous, depuis le pantin Langlois jusqu’au rigide Grévy, depuis l’ouvrier Tolain jusqu’au dictateur Gambetta . »

À propos de la Commune, le Bulletin publiait (3 janvier 1875) les réflexions suivantes, suggérées par un article du Siècle :

« Un article publié dans le Siècle (18 décembre) contient ces lignes :

« Ceux qui lisent l’histoire contemporaine sans se laisser aveugler par la passion, savent que ce sont des républicains qui ont attaqué, vaincu, désarmé la Commune ».

« Le Siècle pense-t-il que ceux qui font l’histoire, de leur sang, de leur liberté, de leur avenir, puissent ignorer que ce sont des républicains qui ont attaqué, vaincu, désarmé la Commune ; massacré, déporté leurs électeurs ?

« Nous prenons acte de cet aveu. Seulement le Siècle a tort d’en parler si fièrement. Aurait-il oublié déjà les règlements de compte Clément Thomas et Chaudey ? N’importe ; ce sont de ces phrases qu’il regrettera plus tard, car elle fait pas mal de tours la roue de la fortune ! »


Pour l’Allemagne, je reproduis trois nouvelles données par le Bulletin :

Numéro du 1er novembre : « Si la place nous le permettait, nous pourrions, en traduisant chaque semaine les nouvelles que nous apportent les journaux ouvriers allemands concernant les persécutions contre les socialistes, remplir trois ou quatre colonnes du Bulletin. Nous devons nous borner à rappeler de temps en temps — pour que nos lecteurs ne se méprennent pas sur notre silence ou notre laconisme — que les persécutions continuent toujours, et que les condamnations à l’amende et à la prison pleuvent dru comme grêle sur les ouvriers d’Allemagne.

« Voici un fait caractéristique. On sait que le président de l’Allgemeiner deutscher Arbeiterverein, Hasenclever, est actuellement en prison. Comme il est député au Reichstag, il a demandé sa liberté provisoire pour pouvoir assister à la session qui va s’ouvrir. Il y a quelques années, le fameux M. de Schweitzer, alors président de la même Association, se trouvant également sous les verrous, avait fait la même demande ; comme Schweitzer était un agent bismarckien, le gouvernement s’empressa de lui accorder ce qu’il désirait. Depuis lors les choses ont bien changé ; M. de Schweitzer a été démasqué et écarté[1] ; l’Allgemeiner deutscher Arbeiterverein s’est résolument posé en adversaire de l’Empire, et il en a éprouvé les conséquences : autant le gouvernement se montrait complaisant pour Schweitzer, autant il met d’acharnement à poursuivre Hasenclever et ses collègues. Hasenclever a naturellement vu sa demande d’élargissement repoussée. »

Numéro du 6 décembre : « À quoi sert-il donc d’envoyer des orateurs socialistes dans les Parlements, demandions-nous il y a huit jours à propos des délibérations du Reichstag ? Aujourd’hui une discussion qui vient d’avoir lieu au sein de ce même Reichstag nous fournit l’occasion de revenir sur ce sujet, et de bien préciser notre pensée. »

  1. À ce moment, nous croyions encore, comme on le voit, à la calomnie lancée contre Schweitzer par les hommes de la fraction d’Eisenach, qui faisaient de lui un agent de Bismarck.