Aller au contenu

Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sein le germe de nouvelles discordes. C’est seulement ainsi que cette union pourra être féconde, — Hasenclever. »

« Nous faisons des vœux pour que cette tentative de groupement en un seul faisceau de toutes les forces du parti ouvrier d’Allemagne aboutisse à une heureuse issue. »


En Amérique, la Section de langue française de l’Internationale, à New York, continuait sa propagande dans le journal le Bulletin de l’Union républicaine de la langue française. Elle y annonçait son intention « de réorganiser la Fédération américaine, en commençant par la branche française ; de se faire aux États-Unis l’apôtre du socialisme révolutionnaire et radical ; et de rester, en tant que Section, étrangère à tout mouvement politique sur ce continent ». En décembre, après la défaite de Grant et le triomphe électoral du parti démocrate, le Bulletin new-yorkais écrivait : « Il nous importe fort peu, à nous socialistes, que les uns ou les autres nous grugent ; nous ne serons pas moins volés par les démocrates que par les républicains ; ce qui nous attriste, c’est de voir un peuple intelligent... tomber dans les pièges des partis politiques, se laisser leurrer de leurs paroles mensongères, et croire à l’un ou à l’autre, lorsqu’il devrait savoir qu’ayant le droit, ayant la force, il peut d’un seul coup de balai nettoyer toute cette poussière du passé ».

Cependant Sorge venait, encore une fois, de donner un signe de vie ; et le Bulletin jurassien résume en ces termes les nouvelles que nous apportaient les journaux au sujet d’un dernier exploit de l’agent de Marx :

« La discorde est au camp d’Agramant ! Messieurs les membres de ce burlesque cénacle qui s’intitule le Conseil général de New York n’avaient plus fait parler d’eux depuis longtemps : ils ont éprouvé le besoin de rentrer en scène, et ils viennent de régaler le public américain d’une querelle de famille vraiment désopilante.

« Il paraît qu’il y a chez ces Messieurs deux partis : le parti Sorge et le parti Carl. Après s’être d’abord fraternellement entendus pour fulminer contre les Fédérations de l’internationale les risibles décrets d’excommunication dont on se souvient encore, ils ont fini par se prendre aux cheveux entre eux au sujet de la propriété d’un journal, l’Arbeiter-Zeitung, dont chaque parti voulait s’assurer la direction exclusive. L’imprimerie de ce journal se trouvait entre les mains du parti Carl ; les hommes du parti Sorge se présentèrent devant le juge, et affirmèrent sous serment que le matériel du journal était leur propriété. Là-dessus, le juge leur donna l’autorisation d’aller s’en emparer, et, avec l’assistance d’un agent de police, ils se rendirent à l’imprimerie, où, sous les yeux de Carl et de ses amis, ils mirent en pièces le mobilier, brisèrent les becs de gaz, mirent en pâte la composition du journal, et emportèrent tout le matériel.

« Ce coup d’État ne fut que l’ouverture des hostilités. La Section 1 (allemande) de New York, dont Carl est membre, prit parti pour ce dernier, et vota une résolution portant « que F. A. Sorge, ex-secrétaire général, avait perdu la confiance de ses collègues par ses nombreux manquements au principe ouvrier, par son alliance ouverte avec des chefs de partis bourgeois aux États-Unis, et avec l’agent reconnu du gouvernement autrichien, Henri Oberwinder à Vienne, par sa participation au honteux attentat commis contre l’Arbeiter-Zeitung ; qu’il s’était dévoilé comme un ennemi perfide et dangereux de la classe ouvrière ; et qu’en conséquence les ouvriers de tous les pays étaient avertis de ne plus entrer en aucune espèce de correspondance avec lui, attendu qu’il ne se servait de cette correspondance que pour nuire à la classe ouvrière et pour satisfaire son ambition et ses rancunes personnelles. »

« De leur côté, Sorge et ses amis, qui avaient entre leurs mains le soi-disant Conseil général, lequel fonctionne en même temps comme Conseil fédéral pour les États-Unis, ne restaient pas inactifs. Vite, un décret, deux décrets, trois décrets ! Ils décrètent successivement : 1° La Section 1 est expulsée de la Fédération américaine ; 2° La Section 1 est suspendue jusqu’au prochain Con-