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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/30

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Après le vote de ces résolutions, le Congrès décida qu’il donnait mandat aux compagnons Schwitzguébel et Guillaume de représenter la Fédération jurassienne au Congrès international qui devait s’ouvrir le jour même à Saint-Imier. Puis la clôture du Congrès jurassien fut prononcée.


Il y eut un repos d’une heure, pour permettre à tout le monde de prendre à la hâte un frugal repas ; puis les quinze délégués représentant les Fédérations espagnole, italienne, jurassienne, ainsi que des Sections de France et d’Amérique, entrèrent en séance. J’emprunte également au Bulletin le compte-rendu de ce second Congrès :


Le Congrès international de Saint-Imier.

Une heure après, dans la même salle, s’ouvrait un Congrès international, composé des délégués suivants :

Alerini, Farga-Pellicer, Marselau et Morago, délégués de la Fédération espagnole ;

Costa, Cafiero, Bakounine, Malatesta, Nabruzzi, Fanelli, délégués de la Fédération italienne ;

Pindy[1] et Camet, délégués de plusieurs Sections de France ;

Lefrançais, délégué des Sections 3 et 22 d’Amérique ;

Guillaume et Schwitzguébel, délégués de la Fédération jurassienne[2].

Une commission de vérification, nommée pour examiner les mandats, termina son travail en une demi -heure, et proposa la validation de tous les mandats énoncés plus haut. Elle fut adoptée.

Un incident très important eut lieu à ce moment. Le « Conseil fédéraliste universel » de Londres[3] avait envoyé à trois citoyens de la Chaux-de-Fonds des mandats avec mission de le représenter au Congrès. La commission proposa de ne pas reconnaître des mandats délivrés par un Conseil qui s’est institué lui-même et qui ne représente que lui-même ; si le mandat venait d’une Section internationale, reconnue ou non par le Conseil général, il aurait pu être accepté ; mais un mandat émanant d’un Conseil qui a la prétention de prendre simplement la place du Conseil général ne peut pas être reconnu d’un Congrès anti-autoritaire. Cette opinion fut partagée par tous les délégués, et le Congrès écarta, à l’unanimité, le mandat du Conseil fédéraliste universel de Londres.

Le bureau fut constitué ainsi : trois présidents, appartenant à chacune des langues du Congrès : ce furent Lefrançais, Cafiero et Marselau ; et

  1. Pindy, qui n’avait pas trouvé à Lausanne des moyens d’existence, venait d’être admis comme auxiliaire dans l’atelier coopératif des graveurs et guillocheurs du Locle, où il devait apprendre le métier de guillocheur ; il apprit plus tard celui de fondeur de déchets d’or et d’argent et d’essayeur. En janvier 1873, il devint membre régulier de l’atelier.
  2. Sorge, dans son livre Briefe und Auszüge ans Briefen etc., dit (p. 63.) qu’au Congrès de Saint-Imier il y eut des délégués belges et le délégué américain Sauva. C’est une des nombreuses erreurs que renferme ce volume. À la même page, il affirme, en raillant, que les lassalliens d’Allemagne adressèrent au Congrès leurs vœux et l’expression de leur chaleureuse sympathie : il a confondu avec le Congrès de Genève de septembre 1873.
  3. Sur le Conseil fédéraliste universel, voir (t. II, p. 349) le 5e paragraphe de la Déclaration de la minorité du Congrès de la Haye.