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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/38

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les misérables intrigues que nos prétendants au pouvoir emploient contre les adversaires de leur domination.

Salut et égalité.

Alerini, Marselau, Farga-Pellicer, T. González Morago,

délégués de la Fédération espagnole[1].


La protestation des Russes, bien que rédigée à Zürich le 25 septembre, porte la date du 4 octobre, parce qu’il avait fallu l’envoyer à Genève pour la soumettre à la signature d’Ogaref, d’Ozerof et de Zaytsef. La voici :


Genève et Zurich. 4 octobre 1872.

À la rédaction de la Liberté.

Nous avons lu avec indignation dans le n° 37 de votre journal le texte du rapport incroyable présenté au Congrès de la Haye par la Commission d’enquête sur l’Alliance.

Dans ce rapport, évidemment inspiré parla haine et par le désir d’en finir, coûte que coûte, avec un adversaire incommode, on a osé lancer contre notre compatriote et ami Michel Bakounine l’accusation d’escroquerie et de chantage. La majorité de ce Congrès s’est rendue complice d’une grande infamie en décrétant l’expulsion d’un homme dont toute la vie a été consacrée au service de la grande cause du prolétariat, et qui a expié ce crime par huit ans de réclusion dans différentes forteresses allemandes et russes et par quatre ans d’exil en Sibérie.

Échappé de la Sibérie en 1861, il a été assailli par la calomnie marxienne, qui n’a plus cessé de le diffamer, depuis, dans les journaux démocrates socialistes de l’Allemagne. Vous avez lu sans doute les contes sots, ridicules et odieux que depuis trois ans on débite contre lui dans le Volksstaat. Aujourd’hui c’est à un Congrès international des travailleurs, préparé de longue main dans ce but par M. Marx lui-même, qu’on a réservé le triste honneur de servir d’instrument à de misérables vengeances.

Nous ne croyons ni nécessaire, ni opportun de discuter ici les prétendus faits sur lesquels on a cru pouvoir appuyer l’étrange accusation portée contre notre compatriote et ami. Ces faits nous sont bien connus, connus dans leurs moindres détails, et nous nous ferons un devoir de les rétablir dans leur vérité, aussitôt qu’il nous sera permis de le faire. Maintenant nous en sommes empêchés par la situation malheureuse d’un autre compatriote qui n’est point notre ami, mais que les poursuites dont il est à cette heure même la victime de la part du gouvernement russe nous rendent sacré[2].

M. Marx, dont nous ne voulons d’ailleurs pas contester l’habileté, dans cette occasion au moins a très mal calculé. Les cœurs honnêtes, dans tous les pays, n’éprouveront sans doute qu’indignation et dégoût en présence d’une intrigue si grossière et d’une violation si flagrante des principes les plus simples de la justice. Quant à la Russie, nous pouvons assurer à M. Marx que toutes ses manœuvres seront toujours en pure perte. Bakounine y est trop estimé et connu pour que la calomnie puisse l’atteindre. C’est

  1. Cette lettre a été reproduite par le Bulletin du 15 octobre 1872.
  2. Netchaïef, qui se trouvait à ce moment en prison à Zürich, fut extradé à la Russie le 26 octobre 1872.