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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/420

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wacht. Il eût mieux valu ne pas l’y mettre du tout, on n’aurait pas eu besoin de l’enlever ensuite ; mais quoiqu’il en soit, nous donnons acte au citoyen Franz de sa déclaration, et nous espérons, si chacun veut s’aider à l’œuvre d’apaisement, que l’union des socialistes pourra devenir bientôt une réalité.

Comme le citoyen Franz nous dit que, s’il a mis en vente le pamphlet où les socialistes de la couleur dite bakouniste sont si indignement calomniés, c’est parce qu’il a cru y voir un document historique digne de foi, nous lui offrons de le désabuser quand il voudra. Non pas que nous pensions utile d’engager un débat public sur cette question ; cela ne servirait probablement qu’à réchauffer des animosités qu’il faut laisser s’éteindre ; mais quand le citoyen Franz désirera des explications particulières, des éclaircissements qui ne laissent aucun doute sur le caractère mensonger des brochures L’Alliance de la démocratie socialiste, de Longuet et Karl Marx, et Die Bakunisten an der Arbeit, de Fr. Engels, nous sommes tout prêts à les lui fournir.


Le Vpered de Pierre Lavrof avait, lui aussi, mal parlé de Bakounine ; des révolutionnaires russes nous envoyèrent une protestation, à laquelle le Bulletin (10 septembre) s’associa par l’article suivant:


Nous avons reçu un document russe signé « Des membres du Parti du Peuple » ; c’est une protestation contre un article nécrologique sur Michel Bakounine qui a paru dans le Vpered, journal socialiste russe de Londres.

L’article du Vpered contenait, à côté de phrases élogieuses, des insinuations malveillantes, faites pour exciter l’indignation non seulement des amis du défunt, mais de tous les partisans sincères de la révolution[1]. Le document dont nous parlons, écrit sous la forme d’une lettre à M. Lavrof, rédacteur en chef du Vpered, relève avec sévérité ce qu’il y a de mesquin dans les sous-entendus, dans les restrictions ambiguës, dans les omissions calculées d’un article qui est censé représenter le jugement définitif du parti révolutionnaire russe sur le grand agitateur qui a rendu de si éclatants services à la propagande socialiste et qui a payé d’une longue captivité son dévouement à la cause populaire.

L’espace ne nous permet pas d’insérer tout au long cette protestation,

  1. Voici les passages principaux de l’article de Pierre Lavrof : « Personnalité capable au plus haut degré d’entraîner les autres en s’entraînant lui-même, Bakounine était trop souvent entouré de gens indignes de lui, qui le compromettaient par leur contact... Je ne parlerai pas de son activité dans l’Internationale pendant ces dernières années ; elle est présente à l’esprit de tous, amis et ennemis ; je veux espérer qu’il s’était senti irrésistiblement entraîné, avec la fougue habituelle de sa nature, vers ce qui lui avait paru le meilleur. Je ne dirai rien non plus de sa participation au mouvement révolutionnaire de la jeunesse russe : l’hostilité constante qu’il a témoignée à l’égard du Vpered et de son programme me rendrait la chose difficile en ce moment ; je me permets de penser que là aussi le choix malheureux qu’il fit des personnes de son entourage a considérablement influencé son jugement. » — Je dois noter toutefois que, dans son numéro suivant, le Vpered publia le récit des obsèques de Bakounine envoyé de Berne par une étudiante russe, récit dont j’ai reproduit plus haut un passage et où il est parlé du vieux révolutionnaire avec la plus profonde admiration et la plus chaleureuse sympathie.