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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/44

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Haye écrivait au Bulletin : « À Anvers et à Gand les travailleurs approuvent tout à fait l’attitude de la minorité du Congrès de la Haye vis-à-vis du Conseil général ; ils applaudissent à nos déclarations, et nul doute qu’au prochain Congrès les prétentions des autoritaires ambitieux seront réduites à zéro. Nous avons reçu de Hollande de nouvelles adhésions à l’Internationale, et de nouvelles sections vont y être fondées. Dans la Belgique flamande, les travailleurs industriels et agricoles secouent leur torpeur, des sections sont en formation dans les campagnes où, cependant, la prétraille avait jusqu’à présent su préserver le pays de cette peste socialiste personnifiée par l’Internationale... D’ici au prochain Congrès nous verrons qui aura obtenu les meilleurs résultats, ou de nous, les organisateurs de la révolution, ou des contre-révolutionnaires marxistes, lorsque sonnera l’heure de la lutte à outrance. » L’Internationale, de Bruxelles, publiait l’article suivant :


Le mouvement anti-autoritaire est toujours en bonne voie. Les nouvelles des diverses contrées où l’Association compte le plus grand nombre de membres sont excellentes ; et bientôt, sans doute, on aura complètement oublié qu’il existe à New York un Conseil général héritier de celui de Londres et des vues politiques des hommes qui le composaient. Dans quelque temps, se rendant mieux compte des conséquences du Congrès de la Haye, on reconnaîtra qu’il s’y est fait au moins un travail utile et salutaire : la division nette et précise des politiqueurs et des autoritaires, d’un côté, et, de l’autre, des travailleurs qui veulent la Révolution sociale, et qui ne veulent pas autre chose.


Et l’Internationale annonçait que, pour ses débuts, le nouveau Conseil général jouait de malheur : deux des élus, le Français David, membre de la Section de New York, et l’Américain Ward, avaient refusé d’y siéger.

Voici ce qu’avait écrit David, à la date du 1er octobre :


Les décisions prises au Congrès de la Haye n’étant, comme celles du Congrès de New York [du 6 juillet], que le résultat d’une conspiration où les principes inscrits dans nos statuts généraux ont été insolemment foulés aux pieds, au profit d’une coterie avide d’autorité, je refuse de siéger au Conseil général issu de ce Congrès, dont tant d’entre nous attendaient une réconciliation générale, une réorganisation solide, éminemment révolutionnaire, préconisant des moyens pratiques... Je cesse en même temps de siéger au Conseil fédéral du Tenth Ward Hotel, composé des mêmes hommes formant le Conseil général, qui sont à la complète dévotion de Karl Marx et n’agissent que sous son impulsion morale.

Je ne me sens aucune disposition à servir sous la bannière du dénonciateur de l’Alliance socialiste espagnole. Quelque grand que soit son génie, je ne saurais l’estimer après les actes qu’il a commis avant et durant le Congrès de la Haye.

Je ne saurais non plus marcher à côté des hommes qui consentent à lui servir de compères dans la pitoyable comédie qu’il joue en ce moment au détriment de l’Internationale et du mouvement socialiste universel.


L’Américain Ward, de son côté, écrivait :


Les principes de l’Internationale, mis en discussion dans les différents Congrès, avaient été adoptés avec contentement par les internationaux. Ils étaient fondés sur l’idée de l’autonomie complète des sections, qui avaient