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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/474

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Vesdre, par contre, s’est maintenue ; à Verviers, les sections, toujours animées du même esprit révolutionnaire, sont devenues moins nombreuses, mais donnent toujours à l’Internationale un contingent très respectable ». À l’égard du mouvement politique préconisé par les ouvriers flamands, le rapport disait : « Beaucoup de socialistes belges étaient imbus des idées de Proudhon sur la non-intervention de l’État et sur l’an-archie ; un journal très bien rédigé et savamment écrit, la Liberté de Bruxelles, propageait les idées proudhoniennes parmi les travailleurs les plus instruits : et l’on peut dire que, en se combinant avec la politique abstentionniste qui fut alors notre ligne de conduite, elles devinrent à un moment donné l’opinion dominante de la plupart de nos sections de langue française et wallonne, et surtout de la fédération de la vallée de la Vesdre (Verviers). L’influence plus grande qu’ont prise aujourd’hui les sections flamandes au sein de la Fédération belge, et l’entrée dans ces sections de l’élément jeune dont nous avons parlé, ont notablement modifié cette attitude anti-politique. Les pétitions adressées au Parlement par nos sections de Gand… ; un manifeste émané des mêmes Gantois, qui revendique les droits politiques et émet des idées analogues à celles des socialistes allemands ;… l’échange d’idées qui s’opère entre nos compagnons flamands et les ouvriers d’Allemagne et d’Angleterre par l’intermédiaire du Werker d’Anvers ;… tout cela fait que le temps n’est pas loin, pensons-nous, où les travailleurs belges commenceront une agitation politique, mais en n’oubliant pas, cependant, que cela ne doit pas constituer un but définitif, mais seulement un des nombreux moyens propres à hâter l’émancipation économique et sociale du prolétariat… Nous devons ajouter que les sections de la vallée de la Vesdre ont conservé l’ancienne attitude abstentionniste : ce fait vient de se confirmer encore par le manifeste publié il y a peu de jours par des ouvriers verviétois, à propos de la question du travail des enfants dans les manufactures, manifeste dans lequel on combat le mouvement parti de Gand, d’Anvers et de Bruxelles[1]. » Et le rapport conclut en ces termes au sujet de la Belgique : « En résumé, voici la méthode que suit actuellement le mouvement socialiste en Belgique : Organisation de sociétés corporatives de résistance ; fédération de ces sociétés ; affiliation de ces sociétés à l’Internationale, ou, pour le moins, accord entre elles et les sections sur le terrain des idées et de la propagande par les meetings ; à côté ou au sein de ce groupement économique, fondation de cercles d’études sociales, de bibliothèques populaires, d’associations rationalistes, en un mot développement des idées philosophiques et socialistes ; enfin, revendication des droits politiques, protestation contre des lois spéciales dont souffre plus particulièrement la classe ouvrière, etc. En un mot, faire au système bourgeois, sur le triple terrain économique, religieux et politique, une guerre incessante, livrer des combats de chaque jour, qui nous apparaissent comme des moyens de nous préparer et de nous aguerrir pour la grande bataille de l’avenir, pour la révolution sociale. »

À l’égard de la Hollande, le rapport de De Paepe s’exprimait ainsi : « Il y avait jadis dans ce pays des sections de l’Internationale dans les principales villes ; plusieurs corporations ouvrières y marchaient avec l’Internationale… Tout ce mouvement se rattachant à l’Internationale est à peu près disparu ; il ne reste que quelques petites sections internationales dans quelques villes, qui ont pour organe le Werkman. De ce que nous disons là, il ne faudrait pas conclure qu’il n’existe plus de mouvement ouvrier ou socialiste en Hollande. Loin de là. Il existe une fédération ouvrière, le Nederlandsche Arbeidersbond, qui s’étend sur toute la Hollande… De plus, les ouvriers hollandais, qui ont déjà obtenu une loi sur les fabriques, se préparent à un mouvement politique en faveur du suffrage universel. Enfin, sur le terrain de la propagande philosophique et sociale, les travailleurs hollandais ne sont pas non plus sans faire de progrès. À la tête de ce mouvement intellectuel se trouvent plusieurs écrivains philosophes aux allures les plus indépendantes et dont les plus célèbres sont

  1. Il sera parlé de cette brochure plus loin, au chap. IX.