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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/52

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comme en beaucoup d’autres, précisément le contraire qui était le vrai.

Quoique différant avec vous sur certains points, comme je vous l’ai dit, le Conseil fédéral anglais sera très heureux de correspondre directement avec vous, et de travailler d’accord avec vous à tout ce qui pourra servir à l’avancement de nos principes.

Salut cordial de votre ami et compagnon dans la cause du travail,

John Hales.

26, Baroness Road, Columbia Market, Londres E.


Le Comité fédéral jurassien adressa au Conseil fédéral anglais la réponse suivante, qui, naturellement, n’était pas l’œuvre du seul Schwitzguébel :


Sonvillier, 17 novembre 1872.

Chers compagnons,

Nous avons lu avec un vif plaisir la lettre que votre secrétaire John Hales nous a adressée en date du 6 courant pour nous accuser réception des documents envoyés par nous et nous assurer de vos sentiments d’amitié et de solidarité. Nous voyons dans ce fait d’une correspondance directe entre les ouvriers anglais et les ouvriers jurassiens le gage certain d’une organisation toujours plus solide de l’Internationale et d’une union toujours plus intime de ses sections. Les divisions intestines dont on avait fait grand bruit et qui avaient tant réjoui la bourgeoisie étaient, tout le prouve aujourd’hui, beaucoup plus apparentes que réelles : ce n’était que l’œuvre de quelques hommes intéressés à faire croire qu’elles existaient et qui pratiquaient la maxime : Diviser pour régner. Aujourd’hui que ces hommes ont disparu, et que les divers pays ont pu enfin échanger leurs idées sans intermédiaire et se voir face à face, tous ces internationaux qu’on avait cherché à animer les uns contre les autres s’aperçoivent que leurs prétendues inimitiés n’existaient pas, que de part et d’autre il n’y a que des sentiments fraternels, que les aspirations, le but, les intérêts sont les mêmes ; ils se tendent la main avec joie, et l’Internationale, un instant compromise par quelques intrigants, est sauvée.

Recevez donc, ouvriers anglais, vous que plus que tous les autres on avait cherché à faire passer pour les ennemis jurés de la Fédération jurassienne, recevez le salut le plus cordial de la classe ouvrière de notre contrée.

Toutefois, si nos aspirations sont les mêmes, nous différons, comme vous le dites, sur les moyens à employer pour atteindre le but. Mais si nous avons adopté chez nous une ligne de conduite qui nous paraît nécessitée par les circonstances, l’idée ne nous viendra jamais de blâmer les ouvriers anglais de suivre une tactique différente ; vous êtes seuls juges de ce qu’il est utile et opportun de faire chez vous, et, comme vous le dites très bien, si nous étions à votre place, subissant l’influence du milieu dans lequel vous vivez, de vos conditions industrielles spéciales, de vos traditions historiques, ayant à combattre, outre les seigneurs de la banque et de l’usine, la vieille féodalité terrienne et toutes les institutions du moyen âge qui pèsent encore sur vous, probablement nos idées se seraient modifiées.

Et si vous viviez dans les républiques suisses, sous nos institutions démocratiques dans la forme, institutions grâce auxquelles le peuple, qui se