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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/529

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certains hommes dont tout le socialisme consiste à embrigader les ouvriers au profit du parti radical, leur choix était fait.

Mais on aura beau vouloir mettre l’éteignoir sur les aspirations de ceux dont la pensée se rapproche de la nôtre. Tous les éléments sérieux et sincères du socialisme en Suisse finiront par s’entendre, et alors le règne des pécheurs en eau trouble sera fini.


Le Journal de Genève ayant constaté, en citant les déclarations mêmes des députés ouvriers genevois, qu’il y avait eu avant les élections alliance entre les socialistes de Genève et le comité électoral radical, le Petit Genevois (20 janvier), organe des radicaux, protesta : « Le mot de socialisme, dit-il, n’a pas même été prononcé dans le comité radical-libéral, et aucun candidat ne s’est présenté et n’a été soutenu comme candidat du socialisme ». Le Bulletin reproduisit ce désaveu, d’où il résultait que les candidats « ouvriers » avaient été élus à titre de candidats « radicaux » tout simplement, et ajouta : « Que devient dès lors la victoire dont se sont glorifiés si mal à propos J.-Ph. Becker et ses amis ? »


Voici quelques extraits d’articles du Bulletin relatifs aux réformes politiques, à la tactique électorale, et à l’attitude de l’Arbeiterbund.

Le 21 janvier, notre organe publiait ceci à propos du referendum, de l’initiative, de l’élection du gouvernement par le peuple, et autres « progrès démocratiques » :


Les réformes politiques et les ultramontains.

Une preuve que les réformes politiques que réclament dans la Suisse allemande les ouvriers socialistes ne sont point, comme ceux-ci se l’imaginent, un moyen véritable d’émancipation pour le peuple, c’est que les ultramontains, qui certes ne veulent pas de la liberté et de l’égalité réelles, sont très disposés à s’accommoder de ces prétendus progrès, et même les inscrivent sur leur programme !

Dans le canton de Saint-Gall, le parti ultramontain vient en effet de publier un programme politique qui contient les points suivants :

« Referendum obligatoire sur toutes les lois et tous les décrets. — Droit d’initiative : le Grand-Conseil est tenu de soumettre au vote du peuple toute proposition émanant de l’initiative populaire, lorsque six mille citoyens le demandent. — Lorsque six mille citoyens demandent la révocation soit du Grand-Conseil, soit du pouvoir exécutif, cette demande doit être soumise au peuple. — Le peuple élit directement les membres du gouvernement cantonal, ainsi que les députés au Conseil des États. »

Ceci devrait démontrer une fois pour toutes, à ceux des ouvriers qui croient encore à l’efficacité des réformes politiques, deux choses :

1o Que ces réformes ne sont pas des progrès réels, puisque les ultramontains les demandent tout comme les radicaux, mais seulement une façon ingénieuse de perpétuer le système actuel de gouvernement de la bourgeoisie en en renouvelant certains ressorts usés ;

2o Que les ultramontains et les radicaux se valent, parce que les uns et les autres désirent la domination, et cherchent à l’obtenir par les mêmes moyens, — tandis que les socialistes seuls veulent la vraie liberté.


À propos de la résolution prise en 1876 par le parti socialiste ouvrier, aux États-Unis, de s’abstenir de participer aux luttes électorales, le Bulletin traita