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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/547

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n’était point, dans sa masse, hostile au drapeau rouge, et qu’en tout cas elle ne songeait nullement à une agression :

1° Lorsque le train de Zürich arriva, le délégué qui portait le drapeau venu de cette ville put traverser seul la foule curieuse amassée devant la gare, sans recevoir la moindre insulte ;

2° Après la bagarre, les trois compagnons qui avaient repris le drapeau de Zürich[1] firent seuls le trajet de la gare jusqu’au restaurant Jeangros (dix minutes environ), au milieu d’une foule considérable, tout le long de la Länggasse ; et la bannière déployée qu’ils portaient ne leur attira pas la moindre attaque, pas la moindre injure de la part du public.

Une enquête judiciaire s’instruit sur les événements du 18 mars à Berne. Plusieurs de nos compagnons ont été appelés devant un juge d’instruction, chacun dans son canton respectif. Comme on le verra plus loin, ceux des membres de la Fédération ouvrière du district de Courtelary qui se trouvaient à Berne le 18 mars, et qui ont participé à la défense du drapeau rouge contre l’agression de la police, ont décidé de demander tous à être compris dans le procès qui se prépare.

Voici ce que dit la constitution du canton de Berne, du 13 juillet 1846, à l’article 76 :

« La liberté de communiquer ses pensées par paroles, par écrit, par la presse, et par des emblèmes, est garantie.

« La loi détermine les peines qu’entraînent les abus de cette liberté.

« La censure ou toute autre mesure préventive est à jamais interdite. »

On nous écrit de Saint-Imier :

« La Fédération du district de Courtelary, réunie en assemblée générale le 2 avril, a résolu de donner son approbation à la manifestation du 18 mars à Berne, et de se déclarer solidaire des conséquences qui peuvent résulter de cette manifestation.

« Deux de nos compagnons ont été appelés devant le juge d’instruction du district de Courtelary, pour être entendus à propos des faits qui ont eu lieu le 18 mars à Berne.

« Après cet interrogatoire, les membres de notre Fédération qui ont pris part à la manifestation ont résolu d’adresser à M. le juge d’instruction une lettre par laquelle ils l’informent de leur participation à cette manifestation et demandent à être compris dans l’enquête et éventuellement dans le procès ouvert à propos de cette affaire. »

Des Suisses de différents cantons, membres des Sections de Berne, viennent, par une lettre adressée au juge d’instruction de Berne, de se déclarer solidaires de leurs camarades accusés, et demandent à être poursuivis.

Le compagnon Deiber[2], apprenant qu’un de ses amis était accusé, pour les affaires du 18 mars, d’avoir frappé l’inspecteur de police M. de Werdt, vient d’écrire au juge pour être appelé devant lui. Appelé, il s’est aussi dit

  1. Brousse, Werner et Deiber.
  2. C’était un jeune ouvrier tailleur, Alsacien.