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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/571

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L’observation du citoyen Bertrand ne modifie en rien notre appréciation. L’obligation de faire de la politique, réclamée par les Flamands, a été rejetée ; le Congrès a reconnu aux abstentionnistes aussi bien qu’aux politiciens droit de cité dans l’Union ouvrière belge : c’est là ce que nous avions dit, et c’est là ce qui reste acquis après comme avant la prétendue rectification qu’on vient de lire.

Quant à la tactique des délégués de Verviers, disant qu’ils veulent bien faire de la politique, mais de la politique négative, le citoyen Bertrand prétend qu’il ne l’a pas comprise. Pour nous, il nous semble que nous la comprenons : la politique négative dont parlent nos amis de Verviers, c’est précisément la tactique que nous préconisons nous-mêmes : l’abstention des intrigues électorales, des bavardages parlementaires ; l’organisation et la fédération des corps de métier ; la propagande active des principes socialistes, la critique des actes de la bourgeoisie gouvernante, et, quand l’occasion se présentera, la réalisation, par la révolution et par la destruction des gouvernements, des revendications du prolétariat. Voilà la politique négative telle que nous la comprenons et telle qu’on la comprend aussi à Verviers, croyons-nous.

Le citoyen Bertrand termine ainsi sa lettre :

« Il serait à désirer que, pour les questions qui nous divisent, nous mettions moins de fiel dans nos discussions. Je veux bien que vous trouviez absurde que nous fassions de la politique, quoique[1] vous approuviez le mouvement des bandes insurgées des socialistes italiens, mouvement que je trouve insensé pour ma part. Mais je ne voudrais pas combattre le mouvement de nos frères italiens, comme je voudrais que vous n’attaquiez pas le nôtre : n’a-t-il pas été admis dans l’Internationale que chaque pays était libre de choisir lui-même la ligne de conduite qu’il veut suivre ?

« Je finis cette lettre en vous annonçant que Paul Janson a été nommé député de Bruxelles, avec 3000 voix de majorité sur le candidat réactionnaire. Il est probable, et même certain, que les intérêts ouvriers trouveront un défenseur dans la personne du citoyen Janson. »

Cette dernière partie de la lettre du citoyen Bertrand demande de notre part quelques mots de réponse.

Oui, certes, il a été voté au dernier Congrès international de Berne une résolution affirmant que chaque pays est libre de choisir lui-même la ligne de conduite qu’il veut suivre. Cette résolution non seulement a été votée par l’unanimité des délégués de l’Internationale, mais elle a reçu l’adhésion de Vahlteich, délégué du Parti socialiste d’Allemagne, et de Greulich, délégué du Schweizerischer Arbeiterbund.

Les organes officiels, tant du Parti socialiste d’Allemagne que de l’Arbeiterbund ont néanmoins, au mépris de cette déclaration acceptée par leurs représentants, déversé l’injure sur les révolutionnaires russes et italiens.

Pour nous, nous nous sommes au contraire strictement conformés à la ligne de conduite qui nous a été tracée par la résolution votée au Congrès de Berne.

  1. Voilà un quoique qui fait rêver : est-ce que par hasard, aux yeux du citoyen Bertrand, le mouvement des insurgés italiens serait de la politique ? (Note du Bulletin. )