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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/625

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où les sections françaises ont de l’influence, les sections de la Fédération française devront profiter de la circonstance pour donner à la grève un caractère socialiste révolutionnaire, en engageant les grévistes à faire disparaître leur situation de salariés par la prise de possession de vive force des instruments de travail.


Albagès (Albarracin) était parti pour l’Espagne en juin. Une fois arrivé, il nous donna des nouvelles de ce qui se préparait. Il m’écrivait le 3 juillet (en français) : « Les affaires pour lesquelles je suis revenu ici vont toujours le même train. Les politiques constatent leur impuissance s’ils ne comptent avec nous, et c’est pour ça qu’ils ne sont pas encore décidés. Malgré tout, ils seront forcés d’agir, ne serait-ce que pour conserver la chaleur parmi leurs partisans. Quand je suis arrivé, les affaires avaient passé par une période très aiguë : des délégués furent envoyés, de notre côté, à différents endroits, et ils ont pu constater partout que l’ouvrier est disposé à faire quelque chose de bien, au moins à ne pas se mettre à la remorque des politiques. À Madrid, le mouvement politique sera probablement dominé par les nôtres. En général, ce que nous nous proposons est de nous servir du mouvement pour faire de la propagande, pour nous procurer des moyens, et en même temps pour empêcher la constitution d’un régime démocratique bourgeois qui puisse paralyser le mouvement vraiment révolutionnaire. — Nous n’oublions pas la lutte à soutenir en Belgique au mois de septembre, et nous nous préparons déjà. On ne peut pas désigner à présent les délégués qui seront envoyés, ni savoir leur nombre ; les circonstances décideront. Si ta chose est déjà faite à ce moment, les délégués seront nombreux ; mais si nous nous trouvons toujours dans l’expectative, ou fera le possible pour envoyer au moins un ou deux délégués. Nous voudrions connaître les résolutions prises par vous concernant le Congrès, afin de nous en tenir aux mêmes, s’il est possible ; et nous ne déciderons rien de définitif jusqu’à ce qu’elles soient arrivées. » — Une lettre postérieure, à Pindy, non datée, dit : « Notre affaire n’est pas tout à fait manquée, mais elle est ajournée au mois d’août. Les politiciens ont peur de notre intervention après l’avoir demandée ; mais ils comprennent en même temps leur impuissance sans nous, et ils se disent résolus à aller de l’avant. » — Le 10 août, lettre à Kropotkine : « Mon ami, ta lettre m’a causé une grande surprise, car je le croyais à Paris, d’après ce que m’avait dit Pindy. Je vois avec plaisir que vous continuez la propagande avec plus de résultats qu’auparavant, et je pense que si vous continuez, et la crise aussi, ces Suisses finiront par ouvrir les yeux. Vorwärts ! — J’attends des nouvelles du Congrès [de Saint-Imier], que tu m’as promises, si toutefois tu n’as pas eu la tête cassée. Surtout je voudrais savoir les résolutions concernant les prochains Congrès. » — Le 20 août, autre lettre à Kropotkine : « J’attendais ta lettre avec impatience, seulement pour savoir le résultat du Congrès, car je craignais qu’on vous casserait la tête à cause du drapeau rouge ; mais je vois avec plaisir que la chose s’est bien passée. Le numéro du Bulletin qui doit parler du Congrès n’est pas encore arrivé. Je vous souhaite beaucoup de chance au procès de Berne, et surtout beaucoup de scandale. On ne sait pas encore qui ira aux Congrès de Belgique, car les conférences comarcales ne sont pas encore finies : mais d’après quelques renseignements que j’ai, on peut croire que les délégués seront deux, et bons garçons. — Et l’Avant-Garde, vit-elle encore ? depuis le n° 4 je crois, nous ne l’avons plus reçue. — Le calme continue par ici : le roi est en voyage, et les politiques se baignent ; ils ont bien besoin de se nettoyer, ou bien d’être nettoyés. On verra. »


Dans le Bulletin du 22 juillet, une correspondance d’Italie (écrite par Costa : voir la lettre de Brousse du 12 juillet, p. 221) dit : « La première circulaire de la Commission de correspondance, qui exposait les faits du Bénévent[1], a pro-

  1. On avait pris l’habitude d’appeler les événements des 3-11 avril les événements « du Bénévent », parce que, bien que Letino et Gallo soient dans la province de Caserte, San Lupo, où la bande s’était montrée pour la première fois, se trouve dans la province de Bénévent.