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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/646

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séance de l’après-midi : Fränkel, Anseele, Gérombou, Mendoza [Morago] prirent la parole et traitèrent la question d’une façon plus vivante, mais sans toutefois que de nouveaux arguments fussent apportés de part ni d’autre. Deux résolutions, résumant les deux courants d’idées qui s’étaient manifestés dans le débat, furent déposées, l’une par Hales, Fränkel et Greulich, l’autre par Montels et Gérombou ; et le Congrès décida de tenir encore une séance le soir pour voter sur les deux propositions en présence.

Le mardi soir, les deux résolutions furent mises aux voix.

Celle de Hales, Fränkel et Greulich était ainsi conçue :


Considérant qu’aussi longtemps que la terre et les autres instruments de production, qui sont les moyens de la vie, sont détenus et appropriés par des individus ou des groupes, la sujétion économique de la masse du peuple avec toute la misère qui en résulte doit continuer, le Congrès déclare qu’il est nécessaire que l’État ou la commune[1], représentant et comprenant la totalité du peuple, possède la terre et les autres instruments de travail.


Les délégués qui se rallièrent à cette proposition furent les Allemands, Greulich, Liebknecht et Fränkel ; les Anglais, Barry et Hales ; les Flamands, Van Beveren, Anseele, De Witte, Steens, Coenen, Verbauwen, De Paepe, Bertrand, Brismée ; et deux membres du groupe des divers : en tout, seize.

La résolution présentée par Montels et Gérombou était rédigée en ces termes :


Considérant que le mode actuel de production amène la concentration de la richesse sociale aux mains de quelques-uns, et, par suite, toutes les iniquités sociales,

Nous pensons :

Que les travailleurs doivent s’emparer de cette richesse sociale pour la transformer en propriété collective des groupes producteurs fédérés.


Elle eut pour elle les voix des délégués de l’Internationale venant de Verviers (moins celle de Levachof, qui avait dû quitter le Congrès pour une affaire personnelle).

Une troisième résolution fut présentée par l’Italien Zanardelli, qui n’avait pu se décider à voter ni avec les uns ni avec les autres. La voici :


Considérant que la production tend de plus en plus d’augmenter dans l’intérêt du capitaliste et contre les intérêts de l’ouvrier, et que cela vient de ce que c’est le capitaliste qui est le propriétaire de la terre, des outils et des machines ;

Considérant que ce ne sont pas les tendances de la production moderne qui sont dangereuses, mais le fait de la propriété individuelle,

Le Congrès propose que la terre et les instruments de travail deviennent propriété collective, sans en établir d’avance les formes et les conditions.


Cette résolution n’obtint que la voix de son auteur et celle d’un délégué de Bruxelles.

Il est bon de faire remarquer que les délégués de l’Internationale représen-

  1. Les mots ou la commune furent ajoutés à la demande de De Paepe ; et si les Anglais et les Allemands ne protestèrent pas contre l’introduction de ces mots, c’est que sans doute ils crurent que commune signifiait communauté, Gesammtheit. Quoi qu’il en soit, l’introduction de ces mots ou la commune a complètement changé, à nos yeux, le caractère primitif de la résolution : dans sa première rédaction, elle avait au moins le mérite de la clarté et de la logique, tandis que la rédaction actuelle ouvre la porte à toutes les interprétations arbitraires. (Note du Bulletin.)