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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/709

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la désunion. La désunion des ouvriers est engendrée et perpétuée par la concurrence inévitable faite entre eux-mêmes. Les Trades’Unions (association de métiers) originairement sont nées des essais spontanés des ouvriers luttant contre les ordres despotiques du capital, pour empêcher ou du moins atténuer les effets de cette concurrence faite par les ouvriers entre eux. Ils voulaient changer les termes du contrat de telle sorte qu’ils pussent au moins s’élever au-dessus de la condition de simples esclaves. L’objet immédiat des Trades’Unions est toutefois limité aux nécessités des luttes journalières du travail et du capital, à des expédients contre l’usurpation incessante du capital, en un mot aux questions de salaire et d’heures de travail[1]. On ne peut y renoncer tant que le système actuel dure ; au contraire, les Trades’Unions doivent généraliser leur action en se combinant.

« D’un autre côté, les Trades’Unions ont formé à leur insu des centres organisateurs de la classe ouvrière, de même que les communes et les municipalités du moyen-âge en avaient constitué pour la classe bourgeoise. Si les Trades’Unions, dans leur première capacité, sont indispensables dans la guerre d’escarmouches du travail et du capital, elles sont encore plus importantes dans leur dernière capacité, comme organes de transformation du système du travail salarié et de la dictature capitaliste.

« b) Leur présent.

« Les Trades’Unions s’occupent trop exclusivement des luttes immédiates. Elles n’ont pas assez compris leur pouvoir d’action contre le système capitaliste lui-même. Néanmoins, dans ces derniers temps, elles ont commencé à s’apercevoir de leur grande mission historique. Exemple, la résolution suivante, récemment adoptée par la grande conférence des différents délégués des Trades’Unions tenue à Sheffield :

« Cette conférence, appréciant à leur juste valeur les efforts faits par l’Association internationale des travailleurs pour unir dans un lien fraternel les

ouvriers de tous les pays, recommande très sérieusement à toutes les sociétés représentées de s’affilier à cette Association, dans la conviction que l’Association internationale forme un élément nécessaire pour le progrès et la prospérité de toute la communauté ouvrière ».

« c) Leur avenir.

« À part leur œuvre immédiate de réaction contre les manœuvres tracassières du capital, elles doivent maintenant agir consciemment comme foyers organisateurs de la classe ouvrière dans le grand but de son émancipation radicale. Elles doivent aider tout mouvement social et politique tendant dans cette direction. En se considérant et agissant comme les champions et les représentants de toute la classe ouvrière, elles réussiront à englober dans leur sein les non-society men (hommes ne faisant pas partie des sociétés) ; en s’occupant des industries les plus misérablement rétribuées, comme l’industrie agricole, où des circonstances exceptionnellement défavorables ont empêché toute résistance organisée, elles feront naître la conviction dans les grandes masses ouvrières qu’au lieu d’être circonscrites dans des limites étroites et égoïstes, leur but tend à l’émancipation des millions de prolétaires foulés aux pieds.


« 7. Impôts directs et indirects.

« a) Aucune modification de la forme de perception des impôts ne saurait produire un changement important dans les relations du capital et du travail.

« b) Néanmoins, ayant à choisir entre deux systèmes d’impôts, nous recommandons l’abolition totale des impôts indirects et leur remplacement complet par les impôts directs : parce que la perception des impôts directs est à meilleur marché et n’intervient pas dans la production ; parce que les impôts indirects font hausser le prix des marchandises, les commerçants les chargeant

  1. Le texte allemand (Jaeckh) intercale ici une phrase que Dupont n’a pas traduite, ne l’ayant peut-être pas comprise : Diese Thätigkeit ist nicht rechtmüssig, sic ist nothwendig. Je ne connais pas le texte anglais.