Aller au contenu

Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


Sur la route il y a un peuplier écorcé
dont le bois blanc est un peu jauni par la pluie ;
j’avais les doigts froids pour les y avoir passés.
L’osier mouillé qui tient les portes des champs crie ;
le foin du pré est couché ; dans la haie on voit
des branches noires de bois sec pleines de gouttes ;
une pie est posée sur le bord de la route,
la pluie coule de la paille des chars et des toits.


III


Le temps est gris, sans nuages : les hirondelles
poussent des cris dans le ciel gris, humide et froid
et elles font des croix noires avec leurs ailes.
Leur cri est aigu et long au-dessus des toits
d’où la fumée sort doucement des briques rouges.
L’intérieur des mansardes est noir et profond,
et l’on ne peut pas voir ce qu’il y a au fond.
Il commence à pleuvoir un peu à grosses gouttes.


1889.