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Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/135

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vers les pressoirs pleins de nuit.Et, alors, j’ai pensé,
les larmes aux yeux, par ces beaux soirs de Septembre,
que le Bon Dieu est au Ciel ; qu’il me faudra quitter,
un jour ou l’autre, le calme de ma petite chambre ;
que je devrai m’en aller là où sont les domestiques
et les purs, non point orgueilleusement
comme un Christophe Colomb à travers les éléments,
mais tout bonnement et tout simplement,
comme je fais ces vers, et donnant à des parents
la main comme quand j’étais un tout petit
et que, pour marcher, je devais courir,
et que je pleurais, ô mon Dieu ! sans savoir pourquoi
et sans savoir sur qui, et sans savoir de quoi.

Qu’importent donc Septembre et sa faune et sa flore ?
Qu’importent donc hiver, printemps, été, automne ?
Qu’importe que l’on sème, avec les amandiers,
les pâles cerisiers et les abricotiers ?
Qu’importent les produits pour le printemps prochain ?
Qu’importent du persil et du cerfeuil les graines,
le céleri qu’on butte et la laitue amère,
s’il faut mourir ?

s’il faut mourir ? J’aurai passé sur la terre,
et l’on m’aura appelé sceptique et poète,