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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/119

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Dcssarps, mon ami, un coup de vin de Jurançon ? Et il me tendit un plein gobelet.

— Ah ! Monsieur ! fis-je ; tout ce que vous me dites résonne en moi comme certains poèmes qu’il nous semble que nous ayons composés tant ils trouvent d’écho en nous. Ô Iliade de la nature ! Quelle strophe chante en nous à cette heure ? La strophe du chèvrefeuille en fleurs comme c’était, il n’y a qu’un instant la strophe de la truite constellée, et comme ce fut auparavant la strophe des éclairs lancés par la faux dans l’orage des foins.

Longtemps nous causâmes cependant que commençaient d’étinceler, au-dessus de nous dans des cieux d’eau claire, des astres qui faisaient rêver de ces silex auxquels les compagnons d’Enée arrachaient du feu.

Je me levai.

— Mon cher frère en poésie, dis-je, c’est du devoir d’un pauvre, fût-il Homère, de n’embarrasser pas longtemps de sa présence les plus empressés bienfaiteurs. Ce n’est guère je pense, que dans l’Évangiie qu’existe cette communauté qui va jusqu’au partage et à