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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/166

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FEUILLES DANS LE VENT

les plus glissants du faubourg Saint-Germain, hautaine et sûre de vous-même ; soit que, coiffée de la paillole, ce large et frémissant chapeau des Gaillacoises, vous interpelliez avec familiarité les vendangeurs.

Tant d’images de vous nous solliciteraient que c’est vous seule qu’un peintre ou qu’un sculpteur eût dû représenter en mille formes : penchée comme la liane de l’églantine sur Maurice à l’agonie ; cramponnée comme la tige du lierre aux murs familiaux ; enlacée comme la volute du liseron au cou de votre père ; dressée en face de la douleur et de la mort comme la hampe du lis ; prosternée à l’église comme la branche du saule-pleureur.

… Et si le marbre avait pu s’animer, devenir sonore comme la harpe ; c’est tantôt gémissante que je vous eusse souhaitée, telle que cette forêt où vous alliez visiter des amis ; ou encore rieuse, telle que l’eau de votre moulin ; ou encore psalmodiant aux vêpres d’Andillac, telle que la colombe sauvage sur les cierges des peupliers.