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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/258

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FEUILLES DANS LE VENT

est vrai, chez des poètes qui n’ont point cessé, même au milieu du paganisme, d’aspirer, d’une façon plus ou moins large, à cet état plus élevé dont je parle.

L’esprit de l’homme conçoit naturellement la logique d’une matière au début sans défaut, mais non point dans la suite, ce qui fut l’erreur orgueilleuse et profonde de Rousseau et de ses disciples. Et que cette perfection, absente désormais, soit envisagée au point de vue spirituel ou matériel, cela revient au même. Et la seule raison eût dû, par une très simple méthode comparée, réduire à néant non seulement les adeptes du Contrat social, mais encore les positivistes qui n’avaient qu’à regarder autour d’eux pour se convaincre de leur peu d’exigence.

Je dis cependant que de la splendeur primitive de la matière la flamme est loin d’être éteinte, encore qu’elle ait baissé. J’en veux pour preuve cet horizon où règne l’azur solide des Pyrénées ; ce gave ; ces feux de laboureurs ; cette grâce de la jeune fille ; cette belle force de la femme ; cette souplesse de l’adolescent et cette majesté du vieillard ; ces