Aller au contenu

Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bayonne à 6 h. 32… Bayonne. Quelle scandale ! Après tout elle m’ennuie, cette femme… Non, elle ne m’ennuie pas… Je l’aime. Mais c’est la vie, mais c’est ma vie, mais c’est sa vie, nos vies qui déraillent. C’est le scandale, le scandale dont on parle dans la petite ville cinquante ans après. C’est l’enlèvement de la femme mariée, de la femme mariée à l’ami et qui a deux enfants. Bayonne à Hendaye, trois heures… Irun… D’Irun, le lendemain matin, d’Irun à Saint-Sébastien… Burgos…

Mme DENIS, entre.

Mon chéri, dis-moi, j’ai bien mis dans ta malle tout ce qu’il te fallait. Dès ton arrivée à Paris, tu commanderas quelques chemises de flanelle pour te lever. Il fait frais parfois à la fin d’août. J’ai placé entre deux paquets de mouchoirs la photographie qui a été faite sur le daguerréotype de ton père à ton âge. Comme tu t’es mis à lui ressembler ! mon enfant, que je t’aime ! Tu as l’air tout triste.

PIERRE

Maman c’est de te quitter, c’est de te quitter, maman. (À part) : Oh ! que je souffre !