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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/18

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vit se gonfler à côté du lard blond
les œufs qui criaient en faisant des bonds.

Médor s’en vint à côté de Bergère.
Il lui sentit tout d’abord le derrière.
Elle grommela, couchée sur les pierres
du foyer. Lui, s’assit sur sa queue maigre,
les pieds boueux, et clignant des paupières
vers le fourneau où fumait la soupière.

Martin entra. Martin, c’est le berger
qui dans la plaine alors fait pacager
que la montagne en neige est désertée.
Il dit : « Là-bas, il a encore neigé.
Des Espagnols qui ont voulu passer
le col Riotor sont morts dans un rocher. »

Il dit : « Souvent, quand la neige est méchante,
on a envie de dormir en marchant.
Si on se couche, on est foutu. » Il prend
sa couverture où il est grandissant
quand il surveille un troupeau dans les champs,
et, près du feu, sur deux chaises l’étend.

Martin s’assied sous les poutres noircies