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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/27

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de ses beaux seins gonflés, luisants et droits.
En la voyant que j’eus peur de ma joie !



*

Telle est la fin d’avril. Dans le foin, brillent
des milliers de fleurs aux tig-es très fines.
Boutons d’or, lychnis, orchidées, voisinent
avec l’oseille pourpre au suc acide.
Sur le vieux mur on voit trembler l’érine,
et la tulipe enflamme le jardin.


*

À l’heure où le cantonnier sur la route
s’assied, résig-né, coupant une croûte
de pain où il étend un peu de lard roux ;
à l’heure où midi se meurt, triste et doux,
à l’heure où l’on voit les tas de cailloux
vibrer au soleil comme une eau qui bouge ;
à l’heure où le ciel comme une aile bleue
couve les champs de trèfle noir ; à l’heure