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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/63

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que le facteur qui a dans une main
un bâton de buis à cause des chiens,
remit à la Lucie, dans le jardin,
la lettre qu’elle attendait de Martin.
Elle la cacha dans ses petits seins.
Et quand Jean de Noarrieu s’en fut allé
chasser la caille qui dort, lourde de graisse,
parmi la menthe et parmi le millet,
dans la torpeur des chaumes roux brûlés
Lucie ouvrit avec des doig-ts tremblés
cette enveloppe qui venait de Barèges.
Il lui disait : Je vous aime. Il disait
sa solitude, sa vie sur les rochers.
Et le troupeau, et son croît, et le lait.
Et la location coûteuse des prés.
Et les discussions, et les procès,
et le code civil qu’il épelait.
Et sa famille, et sa mère qui avait
la paralysie, et qui habitait
à Laruns, chez Saint-Jean, le frère aîné.
Et que pour la fête il était allé
voir sa mère, deux jours, ayant confié