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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/163

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LES PETITS

Diogène qui s’est lavé les mains avec de la pâte d’amandes. Ne craignez pas qu’il en soit ainsi de l’homme de province : l’homme de province est fier ; c’est le type du niais endimanché ; il dédaigne toutes les facilités de la vie. Tout à l’heure vous l’avez vu aimant mieux mourir de soif que de boire du coco à présent voyez-le entrer dans une de ces cavernes empestées où l’on dine à vingt-quatre sous par tête : le provincial s’assied fièrement à une table d’une froide propreté, il avale ses quatre plats sans mot dire ; et après la mince tranche de bœuf, le civet de lapin, l’omelette soufflée, le pot de crème et le petit-verre, il sort de là, l’œil triste, le ventre creux, l’estomac malade, sans se douter qu’à la place de Grève ou sur quelque joyeux boulevart il aurait fait un très-excellent dîner et très-joyeux avec la moitié moins d’argent. Que voulez-vous ? quand le provincial dîne, il lui faut avant tout une serviette à peu près blanche et un couvert d’argent.