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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/243

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LES INFLUENCES DE LA PLUME DE FER

dans le double aspect de ces deux instrument de la pensée, qui portent à tort le même nom ! La plume de fer est horrible à voir ; lourde et froide à porter, elle résiste à la main qui la mène ; elle est comme un cheval sans bouche ni éperons, qui vous emporte partout où il lui plaît d’aller. La plume d’oie est blanche, et nette, et légère ; son tuyau flexible frémit de plaisir entre les doigts qu’elle anime, son duvet caresse légèrement la joue, son bec docile se prête à toutes les combinaisons du style ; elle va doucement à son but, sans bruit, sans efforts, sans aucun de ces affreux crachements et de ces bruits aigus de la plume de fer. À travers ce limpide canal il vous semble que vous voyez vos idées descendre lentement et en bon ordre, l’une après l’autre, comme elles tombent en effet d’une tête bien faite. La plume de fer au contraire, elle est morne, elle est vide, elle est obscure ; elle a un œil pour tout voir, mais ce qui se passe dans ses entrailles nul ne le sait ; elle n’a pas