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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/246

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EN LITTÉRATURE.

croyez-moi, c’est influence de la plume de fer. Vous parlez de la poudre à canon, du feu grégeois, des chartes constitutionnelles : misères, comparées à la plume de fer !

Mais la plume d’oie ! la plume d’oie, au contraire, c’est la plume qui enfante les chefs-d’œuvre ; nous lui devons les plus beaux livres qui aient honoré l’esprit humain et la langue française, elle est la mère de toute sage réflexion. Grâce à elle, les hommes d’autrefois (et certes on ne dira pas que ceux-là ne savaient pas écrire) étaient forcés d’écrire leur pensée avec une sage lenteur ; et ces lenteurs, c’était autant de gagné pour la noblesse du vers, pour l’élégance de la prose, pour la beauté limpide du style. La plume d’oie loin d’être toujours toute prête et toute taillée comme la plume de fer, exige au contraire mille petites préparations qui vous donnent le temps, à l’insu même de votre esprit, de réfléchir à ce que vous allez dire. D’abord il faut la tailler de vos mains, et c’est là un