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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/40

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LES ÉGOUTS

mune ; tantôt on traitait de gré à gré avec le fossoyeur, d’autres fois on avait recours à la ruse. Le savant et vénérable professeur Dubois, dans sa jeunesse, quand il allait au cimetière, attirait autour de ces funèbres enceintes toutes les filles publiques du quartier, avec ordre d’ameuter toute la foule des passants par leurs joyeux propos ; et pendant que ces dames, à force de scandale, attiraient l’attention des voisins, lui, Dubois, dans la vaste fosse, choisissait ses cadavres ; il en remplissait un fiacre, et se faisait reconduire à sa maison en compagnie de cinq ou six cadavres. De temps à autre une épaisse fumée s’élevait de ces amphithéâtres ; cette fumée portait avec elle une odeur nauséabonde : c’était les cadavres qu’on brûlait. En ces temps-là dit M. Lallemand, « on aurait pu tuer autant de personnes qu’on eût voulu, les disséquer et les brûler ensuite, sans que la police eût songé à en prendre le moindre souci. C’est ce qui est arrivé peut-être plus d’une fois. » ajoute-t-il.