Aller au contenu

Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pâles comme elle, la pauvre enfant ! Pour le débit des fleurs, il n’y a que deux ou trois bonnes places à Paris : l’Opéra, le soir, quand l’harmonie étincelle, quand le gaz éclate, quand les femmes riches et parées s’en vont en diamants, en dentelles, se livrer aux molles extases de l’harmonie. Alors il fait bon avoir à part soi un magasin de roses et de violettes : le débit est sûr. Mais quand vint Jenny à Paris elle ne put vendre ses fleurs que sur le pont des Arts, des fleurs sans odeur et sans couleur, image trop réelle de la poésie académique ; des fleurs de la veille à l’usage des grisettes qui passent. Avec un pareil commerce il n’y avait aucune fortune à espérer pour Jenny.

Jenny la bouquetière se morfondait et pleurait. Il y eut des vieillards, des roués de la bourgeoisie qui firent des quolibets à Jenny, qui l’accablèrent de mots à double sens ; mais Jenny ne les comprit pas : le bourgeois libertin est trop laid ! La pauvre fille cependant vendait ses fleurs mais le commerce allait