Aller au contenu

Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

triste. Beethoven était un de ces vieillards qui ont vécu toute leur vie d’une seule idée. Une grande idée suffit à l’existence de ces hommes à part ; elle les absorbe, elle est toute leur joie, elle est tout leur chagrin, elle est tout leur passé, tout leur présent ; elle grandit avec eux, elle s’affaiblit avec eux, et quand l’idée est épuisée l’homme est mort.

Le vieux vin du Rhin avait si fort ranimé Beethoven qu’à la fin du repas il se leva brusquement et passa dans sa chambre.

— Je veux, me dit-il, vous montrer que le vieux Beethoven n’est pas si sourd qu’on le prétend. Ce sont les hommes qui ne m’entendent plus, mais moi je m’entends encore. Jugez plutôt. En même temps il se mit à son piano.

Ce piano est un admirable instrument de Broadwood de Londres. C’était un présent que MM. Cramer, Kalkbrenner, Clementi, Ries, etc., avaient envoyé d’Angleterre à l’Homère musical. Beethoven, négligé qu’il était, mé-