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Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/98

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alfred et tony johannot.

pire, si brillant, si glorieux, si noble, et qui devait si tôt finir !

Leur père avait été poussé en Allemagne par une de ces vocations poétiques tout individuelles et qui sont peu jalouses de se révéler au monde. C’était un de ces artistes cachés, artistes pour eux seuls, qui aiment l’art pour eux-même et pour leurs enfants, et qui font jouer leurs enfants avec des chefs-d’œuvre comme d’autres avec des jouets futiles ; sauf à l’enfant, s’il a de l’âme et du cœur, à se mettre à genoux devant le chef-d’œuvre qui lui sert de jouet. Ainsi firent-ils tous les deux, ou plutôt tous les trois, car ils entrèrent trois frères dans la carrière, trois jeunes enfants d’une âme égale, d’une intelligence égale, d’un génie égal. L’aîné s’appelait Charles, le second Alfred, le troisième Tony. Ils firent ensemble leurs premiers pas. Charles marchait à pas de géant : la mort l’a arrêté dans sa course ; il est mort encore encourageant ses deux frères du regard, du geste et du