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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/25

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la comtesse

Alors seulement la comtesse put parler à son mari. Elle lui dit tout d’abord l’ordre étrange qu’elle avait reçu de M. de Richelieu d’aller ce soir même chez le vidame de Poitiers qui se mourait ; qu’elle ne voulait pas y aller, ou du moins ne pas y aller ce même soir, ou du moins pas y aller toute seule. Et elle dit tout ce qu’elle put dire, la pauvre femme affligée, et elle parla longtemps avec cette charmante voix, avec cette expression suppliante, avec ce regard mouillé de larmes, avec toute cette irrésistible terreur qu’elle avait dans l’âme ; mais ce fut en vain. Le comte d’Egmont l’écouta avec autant de sang-froid que s’il eût lu une décrétale ou expliqué un concile ; il lui dit qu’à la vérité il ne comprenait pas bien pourquoi M. de Richelieu, son beau-père, voulait que la comtesse d’Egmont se rendît du même pas chez le vidame de Poitiers ; mais que, puisque tel était l’ordre du maréchal, il fallait obéir, que pour lui il n’y pouvait rien, et qu’il était bien affligé de voir