Aller au contenu

Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
marianna.

avilie à plaisir ; mais faites qu’un jour l’orgueil pénètre dans cette résignation, vous verrez ce que produira cette fierté outragée. Si bien qu’en repassant dans son esprit les affronts qu’elle avait essuyés cette femme se méprisa dans sa patience ; les injures qu’elle avait ensevelies dans sa tendresse se réveillèrent en jetant un cri de vengeance. Il en est des blessures de l’amour comme des blessures du champ de bataille : on ne les ressent que le lendemain de la défaite. Elle revit donc d’un coup d’œil toutes les cruautés de Georges, tous les détails du long martyre qu’elle avait souffert, et elle se dit qu’elle avait été bien bonne en effet de tant souffrir. En même temps elle se rapprochait de son compagnon d’exil, et elle le comparait à l’homme qui l’avait brisée. Elle étudiait ses goûts et ses projets, elle se mettait de moitié dans ses espérances. Elle fit si bien qu’elle devina l’amour de Henri. D’abord elle fut épouvantée de sa découverte, elle en fut heureuse ensuite. Vous