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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/28

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d’egmont.

Mais, arrivée dans le Marais, la livrée de la comtesse ne sut plus que devenir. Où se tenait l’hôtel du vidame ? Et quand on aurait su où il se tenait, comment se reconnaître dans cette obscure nuit et par cet orage ? Le carrosse, incertain, allait ça et là ; les chevaux se cabraient, épouvantés par les éclairs ; personne ne se montrait. À la fin la voiture s’arrêta vis-à-vis un certain cabaret tout noir dont l’enseigne flottait au gré du vent avec un son mélancolique et criard. Le valet de pied frappa à la porte du cabaret.

Aussitôt cette porte s’ouvrit, et du fond de son carrosse Mme d’Egmont put apercevoir l’intérieur de ce misérable réduit. Tout ce que la misère a de hideux était entassé dans cet étroit espace : des tables tachées de vin, des escabeaux chancelants, un feu à demi éteint, des pots cassés et des verres rougis, un haillon gras taché de lie de vin ! Certes, c’était un curieux contraste celui-là : la brillante voiture de la comtesse d’Egmont, ses quatre chevaux frin-