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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/40

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d’egmont.

dame d’Egmont. Il la vit si belle, et d’une beauté si touchante, et d’une pâleur si pleine d’expression et si prête à tout, bien qu’elle ne pût rien prévoir, il la vit si jeune et en même temps si mortelle, qu’il la reconnut tout de suite, lui qui ne l’avait jamais vue. Elle, de son côté, fut merveilleusement étonnée à l’aspect de ce vieillard, qui semblait renaître et qui sortait pour ainsi dire de la mort afin de la saluer une première et dernière fois de l’âme et du regard. La tête de cet homme était belle ; tout couché qu’il était dans son drap de toile écrue, tout enveloppé qu’il était dans son morceau de serge verte, au milieu de cette cabane et entre ces deux génisses qui lui servaient de gardes-malade, il était facile encore de voir qu’il y avait sur cette paille et dans ce lit quelques nobles restes de la famille des Lusignan.

Si bien qu’au premier coup d’œil la jeune comtesse se sentit rassurée, et qu’en elle-même elle fut bien aise d’avoir eu du cœur.