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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/87

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LES TORTURES

quelques gentilshommes en retard avec l’échafaud. Les uns et les autres, ils oubliaient leur captivité, leurs misères présentes, la mort qu’ils attendaient, pour ne songer qu’à la Reine enfermée là, dans ce cachot. — Quand ces infortunés virent ce gendarme qui essuyait les souliers de la Reine ils tendirent les mains avec une prière suppliante, et ce gendarme leur passa le soulier de la Reine, et les uns et les autres ils le portèrent à leurs lèvres avec un saint respect.

À midi le guichetier apportait dans un plat le dîner de la Reine, la moitié d’un poulet, un plat de légumes, une fourchette d’étain. La Reine se mettait à table, et personne ne restait pour la servir. Plus d’un prisonnier attendait que ce maigre repas fût achevé pour ramasser quelques miettes de la table royale : heureux et fier était celui qui pouvait boire dans le verre de la Reine ; et alors le malheureux gentilhomme, la tête nue, buvait à la santé de Sa Majesté.