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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/89

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LES TORTURES

ce gobelet d’étain, comme si elle eût tenu une coupe d’or. Ses belles mains blanches et si froides, sa belle tête si calme plongée dans ce pâle demi-jour, cette taille élégante et majestueuse à la fois, ce silence plein de résignation, ce sont là autant de détails que nulle bouche humaine ne saurait dire. Cependant elle succombait peu à peu sous l’influence de la mauvaise nourriture, du mauvais air, du chagrin, de l’abandon ; mais elle succombait sans se plaindre. Elle mourait lentement ; et comme on ne lui donnait pas assez de linge, elle demandait en cachette des linges à Rosalie, et Rosalie déchirait ses chemises pour faire cette aumône à Sa Majesté.

Elle ne savait même pas les heures, sinon les heures de la guillotine le matin, et des arrêts de mort à midi, et des nouvelles incarcérations le soir ; elle ne savait que les heures funestes de cette prison si remplie de misères de toutes sortes : on lui avait enlevé cette montre qu’elle avait suspendue à un